Aurélien Rousseau s'est rendu mercredi 22 novembre au congrès annuel organisé par l’association des maires de France (AMF). Un rendez-vous important pour le ministre de la Santé, qui est aussi l’un des 27 conseillers municipaux de Saint-Hilaire-de-Brethmas (Gard), au sud d’Alès. Ce dernier a participé à la table ronde sur l’accès aux soins intitulée : « l’organisation locale au secours de la défaillance nationale ». Lors de celle-ci, il a été interpellé par de nombreux édiles, qui, même s’ils reconnaissent des avancées dans l'accès aux soins, comme avec la mise en place de maisons de santé pluriprofessionnelle (MSP), réclament tous plus de moyens et, surtout, des médecins !
Nadine Grelet-Certenais, maire de La Flèche (Sarthe), commune de 15 000 habitants, a justement monté une MSP de 40 professionnels de santé : généralistes, infirmiers, sages-femmes, gynécologues, ophtalmologues, diététiciennes, psychologues… « Un travail de longue haleine : une dizaine d’années de collaboration avec les agences régionales de santé, les professionnels de santé et les élus locaux ! », raconte-t-elle. Quatre sites sont mis à disposition des soignants.
Salarier des médecins pour les attirer
De son côté, Charlotte Blandiot-Faride maire de Mitry-Mory (Seine-et-Marne) a fait part au ministre de son amertume : maisons de santé, locaux mis à disposition… et pourtant aucun praticien attiré. « Nous nous posons la question de la régulation à l’installation des médecins pour mailler le territoire d’une autre manière », a-t-elle poursuivi. Pour autant, sa commune a choisi de salarier cinq médecins généralistes et deux sages-femmes, « un modèle innovant, qui fonctionne », rapporte-t-elle, même si le coût est important pour la mairie. Mais le problème principal, a-t-elle pointé, est qu’il n’y a, sur son département qui couvre pourtant la superficie de 50 % de l’Île-de-France, aucune université de santé. Aussi, elle a alerté le ministre sur les délais d’attente trop longs pour obtenir des certificats de décès.
Le maire de Saint-Pierre (Martinique), Christian Rapha a lui aussi sensibilisé le ministre sur la situation dramatique de son territoire : dans le Nord-Caraïbes, le ratio est de 50 médecins pour 100 000 habitants ; à Saint-Pierre, un médecin sur trois a plus de 60 ans et, à partir de 16 heures et toute la nuit, ainsi que le week-end dès le samedi midi, il n’y a « aucune possibilité d’avoir accès à un service d’urgence ». Alors, des tentatives ont eu lieu, comme un centre d'accueil et de permanence des soins (Caps)… refusé par les médecins, y voyant une concurrence. Idée nouvelle : faire venir des médecins installés en Martinique une ou deux fois par semaine dans des cabinets d’équipe… « Reste à articuler tout cela », relate le maire.
La niaque des élus
Dans sa réponse globale aux maires, le ministre, à l’aise, a souhaité montrer son optimisme et sa détermination. « Cette situation, nous y sommes collectivement. J’entends, ici, que tout ne va pas bien et que la réalité de la vie des gens n’est pas un décor. Nous devons donc inventer, collectivement. Dire que tout va fonctionner du premier coup serait faux. Mais ce qui est certain est que ça bouge beaucoup ! Il n’y a pas de place pour la fatalité », a-t-il défendu.
Il a notamment cité la CPTS de Bergerac (Dordogne), pourtant l’un des départements les plus âgés, louant « leur niaque pour se battre ! » Voilà le sens de son message : « Dès que des professionnels de santé ont un projet sur un territoire, on doit se démerder pour les suivre ! » D’où, détaille-t-il, l’idée du guichet unique et de la transformation culturelle à mettre en œuvre.
Autre message clair : « il faut aller au bout des compétences de chacun », a-t-il défendu, s’appuyant sur les généralisations lancées dans le dernier projet de loi de financement pour la Sécurité sociale (PLFSS), dont le déploiement de la réalisation par les pharmaciens des tests rapides d'orientation diagnostique (TROD) et de la délivrance dans la foulée d'antibiotiques contre l’angine et la cystite. « Nous aurions fait cela il y a un an, nous nous serions fait démantibuler. Et les pharmaciens ont la banane, parce qu’ils ont les compétences, pas parce qu’ils se prennent pour des médecins ! »
Deux lignes rouges ont également été tracées par le ministre : « Je ne validerai jamais une fermeture de service ou d’hôpital pour des raisons financières. Et je ne laisserai jamais ouvert un lieu si je n’acceptais pas que l’un de mes trois enfants s’y fasse soigner. »
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier
Soumission chimique : l’Ordre des médecins réclame un meilleur remboursement des tests et des analyses de dépistage
Dans les coulisses d'un navire de l'ONG Mercy Ships