À peine évoquée, déjà négociée. Cinq jours après que Gabriel Attal a annoncé le déploiement d’une taxe « lapin » de cinq euros pour les patients qui n’honorent pas leurs rendez-vous médicaux, les modalités techniques de la mesure commencent à faire des vagues.
Dans son entretien à la presse quotidienne régionale, le Premier ministre a indiqué que la somme réclamée aux indélicats pourrait être retenue via l'empreinte bancaire par les plateformes de prise de rendez-vous en ligne ou par les soignants eux-mêmes.
Ni une ni deux, la plateforme Doctolib a indiqué mercredi 10 avril à France Inter qu’il n’était pas question qu’elle participe à cette entreprise. « Il ne faut pas créer un fardeau administratif nouveau pour les soignants et entraver l’accès aux soins, a estimé le cofondateur et PDG de Doctolib, Stanislas Niox-Château. Il y a 15 % des patients qui sont en situation d’illectronisme (qui n’ont pas internet ou qui ne savent pas l’utiliser correctement) et 5 % qui n’ont pas de carte bancaire. C’est impensable d’entraver l’accès aux soins pour eux. » Et de préciser sa pensée : « Comment vont faire les praticiens pour gérer les plaintes des patients, les contestations des patients ? C’est inimaginable d’envisager que les secrétariats vont enregistrer des cartes bancaires ».
Liberté totale
Le poids politique de Doctolib étant ce qu’il est, le cabinet du ministre délégué à la Santé Frédéric Valletoux a tenu le même jour à rassurer le monde des plateformes – tout en remettant gentiment les points sur les « i ». Après avoir rappelé que « la solution de l’empreinte bancaire existe déjà pour certaines plateformes », le ministère indique que, « bien sûr », « les plateformes et les médecins auront la possibilité d’ouvrir ou non cette option, tout comme les médecins auront la main sur la retenue de cinq euros ».
« Doctolib a bien entendu été concerté au même titre que les adhérents de la Fédération des éditeurs d’informatique médicale et paramédicale ambulatoire (Feima, qui regroupe les éditeurs de logiciels) afin d’échanger sur les possibilités techniques existantes », précise encore le ministère. Qui conclut en ouvrant la porte : « le travail continue sur l’opérationnalisation technique de cette mesure ».
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