L’hôpital, dans les circonstances de mort et de blessures est le refuge de la vie. Quand l’agression physique et psychologique est extrême, les médecins et les soignants sont aux avant-postes. Ce vendredi 13 novembre, ils n’ont pas manqué à l’appel. Nous le savions ici. La communauté nationale peut être fière de ses soignants. L’intérêt qu’elle leur porte est bien placé. Les investissements qu’elle consent à la santé, aux services publics sont lourds. Mais on se rend compte dans ces moments tragiques que notre confiance et nos efforts sont payés de retour. Malgré les divisions et les oppositions de temps de paix, les médecins et leurs équipes ont fait face. La place de l’urgence dans l’organisation médicale doit être sacralisée et sanctuarisée. Il s’agit ni plus ni moins du combat de la vie contre la mort, la folie et la violence.
Le samedi 14 novembre, le lendemain des attentats, le Pr Philippe Juvin, chef du service des urgences de l’hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP) au Quotidien du Médecin a exprimé sa reconnaissance envers les médecins qui se sont portés volontaires. Au milieu de la nuit, la charge de travail était trop importante pour soigner les blessés. Il a alors lancé un appel à l’aide sur son compte twitter. Plusieurs médecins, dont certains de passage, ont répondu présents. Avec leur aide, il explique avoir « pu répartir les patients selon les urgences et les compétences. Leur intervention nous a permis de tenir », précise-t-il.
Sur le terrain, plusieurs témoignages de médecins font preuve d’un esprit de solidarité exemplaire. Ainsi, un interne raconte s’être rendu dans un service d’urgences le plus proche vers minuit. Il se rend compte qu’un grand nombre de collègues ont eu la même idée que lui : « Généralistes, spécialistes, hospitaliers comme libéraux, internes et externes des hôpitaux se ruent pour aider l’équipe de garde. J’y retrouve des camarades de la faculté. Cela redonne un boost énorme au moral. Chacun selon ses moyens, ses connaissances, ses réflexes, nous travaillons quasiment dans le silence… Personne n’a jamais fait face à une telle crise. Et malgré cela, tout le monde est là et travaille. »
Apparemment, il existe un hiatus entre les positions des représentants des hôpitaux et des syndicats hospitaliers d’une part et le ressenti sur le terrain des médecins volontaires. La FHF, tous les présidents de conférences hospitalières, l’Amuf, Avenir hospitalier, la Confédération des praticiens des hôpitaux ont salué de façon unanime le professionnalisme des urgentistes et des personnels des hôpitaux. De l’autre côté, le journal Le Figaro a fait état d’« hôpitaux parisiens sous pression et à court de matériel », ce qui a été vivement démenti par la direction de l’AP-HP.
Un MG, le Dr Stéphane Chicheportiche, a avoué son impuissance sur le terrain. Il a son cabinet au 55 rue de Charonne, pas loin de la brasserie La Belle Équipe : « Je me suis trouvé totalement démuni. J’ai tenté de garder mon sang-froid. Mais comment intervenir sans matériel de secours ? Avec un pré-tri ultrarapide, tout ce que j’ai pu tenter, ce sont des points de compression sur des personnes qui saignaient abondamment. J’ai tenté d’arrêter des hémorragies comme j’ai pu. Et puis les secours sont arrivés très vite. »
Un autre médecin, le Dr Michel Bonnot, quant à lui anesthésiste-réanimateur, a critiqué le temps mis par les urgentistes pour arriver à la Bonne Bière, autre lieu qui a subi les attentats : « Que le temps a semblé long d’attendre l’arrivée des camions de sapeur ! Vingt minutes, c’est une éternité ! J’ai demandé d’urgence le renfort du médecin. Il n’y en avait pas. » Et de dénoncer le fait que le Samu ne disposait que d’oxygène, des couvertures de survie et des garrots pour les membres, pas de morphine. Et de renchérir : « Je dirais que tous les blessés graves de la Fontaine au Roy sont morts. Certains auraient pu être sauvés. Seuls les blessés légers sont survivants… Pourquoi ne pas donner aux véhicules de sapeur pompier une trousse d’urgence et de réanimation en dotation, avec morphine et perfusions ? Maintenant il convient de véhiculer des corps affreusement mutilés par des blessures de guerre. Cela ne s’improvise pas ! Il faut tout repenser. »
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