« Cela fait plus d’un mois qu’Aurélien Rousseau a été nommé (le 20 juillet, ndlr) et nous n’avons eu aucun contact, pas même un coup de fil », note le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML-S.
Selon le généraliste de Fronton, ce n’est pourtant pas faute d’avoir sollicité le ministre dès le jour de sa nomination, dans un tweet de félicitations.
« Depuis, nous continuons de le solliciter sur les réseaux sociaux mais nous n’avons toujours pas eu de réponse », peste-t-il. « Je n’ai pas l’habitude de taper sur les gens tant qu’ils n’ont pas commencé mais pour l’instant je dirais qu’il met du temps à ne pas commencer… Pourtant, nous attendons des actes », insiste le généraliste avec son franc-parler habituel.
Le Dr Sophie Bauer, à la tête du SML, est également « dans l’attente d’une réponse » du ministère de la Santé. Si la chirurgienne reconnaît avoir, par le passé, pu collaborer intelligemment avec Aurélien Rousseau pendant le Covid, notamment quand il était directeur de l’ARS d’Île-de-France – « un certain nombre de dossiers avaient pu se débloquer grâce à lui », souligne-t-elle –, la praticienne se dit « inquiète » pour la suite.
« Nous sommes pour l’instant dans le flou. Nous n’avons aucune nouvelle concernant la reprise des négociations. Et nous sommes évidemment inquiets parce que nous voyons bien que Bercy, une fois de plus, est en mode "économie" plutôt qu’en mode "investissement en santé" », s’indigne la praticienne.
Vers une reprise des négos ?
Certaines discussions semblent toutefois s’être timidement engagées pour certains syndicats. « Pour l’instant, le ministre de la Santé ne nous en a pas dit beaucoup, mais nous avons un rendez-vous avec lui la semaine prochaine », renseigne le Dr Jean-Christophe Nogrette, secrétaire générale de MG France.
Pour le moment, le généraliste s’en tient « aux déclarations dans la presse » du fraîchement nommé Aurélien Rousseau. « Le ministre de la Santé a déclaré qu’il fallait reprendre les négociations rapidement. De son côté, Thomas Fatôme a dit qu’il était nécessaire de réduire le différentiel de revenu entre les généralistes et les spécialistes, nous prenons donc acte et nous verrons ce que cela donnera en réalité. »
« Par principe, nous essayons de toujours rester optimistes, mais nous ne sommes pas naïfs non plus », souligne le Dr Nogrette, qui pose comme préalable à la reprise des négociations « une enveloppe budgétaire conséquente ». « Si c’est pour repartir avec une enveloppe aussi étriquée que la dernière fois, sans aucune marge de manœuvre, ce n’est pas la peine », exprime-t-il fermement.
De son côté, si le Dr Luc Duquesnel a accueilli « de façon positive » la nomination d’Aurélien Rousseau, nomination d’autant plus appréciée « car on a échappé de peu à Frédéric Valletoux », il garde les pieds sur terre. « Une fois de plus, avec les propositions qui sont faites (doublement de la franchise médicale, ndlr), on voit que la santé est perçue comme un secteur sur lequel on peut générer des économies. C’est sûr que plus j’entends le ministre des finances, moins j’ai d’espoir… », regrette le généraliste mayennais.
Selon lui, tout l’enjeu des prochaines semaines sera de s’entendre sur une convention médicale « qui permette d’améliorer l’accès aux soins ». « Il faut que la future convention médicale rende incitatif le fait d’être médecin traitant libéral, c’est une des priorités ! »
« Avec l’échec des négociations, la situation actuelle n’est satisfaisante pour personne (…) Le problème c’est que nous avons très bien compris que la santé, et tout particulièrement l’ambulatoire, n’était pas dans les dossiers prioritaires du gouvernement », regrette le généraliste, qui espère toutefois une reprise des pourparlers d’ici fin septembre, « dès qu’il y aura une lisibilité sur le PLFSS ».
Un changement de méthode attendu
Tous les syndicats s’accordent en tout cas avec le Dr Sophie Bauer sur un même point : « la nécessité d’un changement radical de méthode », si reprise des négociations il y a.
« Nous demandons de vraies négociations avec un respect de part et d’autre. Il faut également qu’on ait les documents et les sujets en amont des séances afin d’avoir le temps nécessaire de discuter sur tel ou tel point a minima une semaine à l’avance, de se concerter entre nous. Et, si possible, de partir sur ce qui nous rassemble plutôt que de partir d’office sur ce qui nous divise », insiste le Dr Patricia Lefébure, la présidente de la FMF.
À l’instar des autres organisations syndicales, le Dr Corinne Le Sauder appelle à un « vrai paritarisme, avec le moins d’ingérence possible du ministère dans les négociations conventionnelles ».
À l’unisson, tous demandent aussi que soit posée, dès le début, la question des rémunérations. « Les négociations tarifaires, c’est le nœud du problème, on attend que soit reconnue la valeur de l’acte médical, avec un acte de base à 30 euros minimum sans contrepartie », insiste le Dr Patricia Lefébure.
Sans de véritables propositions tarifaires, le Dr Jérôme Marty prévoit une vague de déconventionnement collectif. « Cela va s’accélérer de nouveau dès septembre, augure-t-il. De toute façon, les médecins ont parfaitement compris qu’ils étaient indispensables. À partir de ce moment-là, ils n’ont plus peur. Il faudra donc que le gouvernement compose avec eux, ou alors les médecins vont s’échapper et créer un nouveau secteur fort », prévient-il.
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