Dans une logique « une seule santé » - soit « one health » - une feuille de route interministérielle a été adoptée en 2016 pour maîtriser l’antibiorésistance. Cinq ans après son lancement, rapporte l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), la moitié des actions sont « bien avancées, si ce n’est achevées ». Le bilan est « contrasté entre secteurs, avec une avancée marquée dans le champ de la santé animale ».
En santé humaine, les résultats sont « plus mitigés » malgré « des actions structurantes et la perspective favorable d’une Stratégie de prévention des infections et de l’antibiorésistance qui démarre en 2022 ». La mission estime que « les actions conduites en matière de médecine de ville ne sont pas à la hauteur des enjeux quantitatifs (plus de 90 % de la dispensation d’antibiotiques) ni qualitatifs, au vu de l’ampleur persistante des usages inadaptés. »
Amplifier la réduction des consommations en ville
La mission formule une série de propositions. En matière de santé humaine, notamment, « il s’agit d’amplifier la réduction des consommations, en particulier en ville et dans le secteur médico-social. Un taux cible ambitieux de réduction des prescriptions indues doit être fixé. Les actions visant au meilleur usage des antibiotiques doivent être intensifiées (formation amplifiée, déploiement des TROD, de l’ordonnance dédiée, de la dispensation à l’unité…). Les moyens des structures d’appui indispensables doivent être confortés. Il est également essentiel d’intensifier la logique de prévention des infections (hygiène, vaccination...) et de capitaliser sur les enseignements de la crise Covid en matière de prévention et d’hygiène. »
L’Igas demande plus de moyens « humains et budgétaires » et une « gouvernance interministérielle renforcée au niveau national et territorial, pour garantir une approche "une seule santé" ». Et plus de prévention en cabinet ! « L’antibiorésistance et les enseignements de la crise Covid militent en effet pour une orientation résolument préventive en médecine humaine et vétérinaire et en santé des écosystèmes. Cette démarche de prévention doit s’entendre de façon extensive, allant au-delà des leviers sanitaires et intégrant des ambitions liées aux déterminants environnementaux (qualité de l’air, de l’eau, des logements ou des transports…). »
Investir… pour économiser
Dans sa conclusion, la mission Igas fait référence à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Laquelle « a souligné récemment qu’en la matière, le coût de l’inaction dépassait celui de l’action, et que l’investissement initial était compensé́ rapidement par les économies réalisées, précisant que chaque euro dépensé sur des programmes de lutte contre les résistances aux antimicrobiens en France pourrait épargner 7,20 € de l’argent public. Il faut, à une stratégie présentant de tels enjeux humains et économiques, un pilotage fort, et partant interministériel et rattaché au Premier ministre, pour garantir la tenue d’un cap ambitieux, réellement intersectoriel et in fine fructueux. »
Plus de 5 000 décès en France
L’OMS considère l’antibiorésistance comme l’un des dix plus sérieux risques de santé publique pour l’humanité, avec une possibilité de paralysie des systèmes de santé et de menace grave pour les progrès de la médecine réalisés au cours du 20e siècle.
En 2019, près de 4,95 millions de décès seraient associés à une résistance bactérienne, dont 1,3 million de décès directement imputables à l’antibiorésistance. Près de 30 000 décès seraient attribuables en Europe élargie, dont plus de 5 000 en France.
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