VOILÀ PLUS DE 70 ANS que des recherches sont menées pour trouver un vaccin contre le paludisme, avec peu de succès. Un bon nombre d’antigènes ont été identifiés comme cibles potentielles pour l’élaboration d’un vaccin. L’un d’entre eux, la séquence répétée de 4 acides aminés dans un antigène de surface du sporozoïte* du Plasmodium falciparum, est à la base du vaccin RTS,S/AS, qui a fait l’objet d’études intensives impliquant des volontaires. Associé à un système d’adjuvant, le vaccin démontre un potentiel d’efficacité préventive proche de 40 % et une efficacité pour empêcher le développement de la maladie de 30 %. Il représente le premier candidat vaccin contre le paludisme à conférer une protection significative en laboratoire et dans des études cliniques de terrain. Chez les nourrissons et les enfants, victimes en première ligne de l’infection et des décès, RTS,S/AS est étudié en suivant un plan organisé par l’OMS, EPI (Expanded Program on Immunization).
Des titres d’anticorps anti-sporozoïte.
Abdulla et coll. décrivent leur étude de phase 2B, chez l’enfant, où la sécurité et l’immunogénicité de RTS,S associé à l’adjuvant AS02D ont été testées chez 340 enfants à Bagamayo (Tanzanie). Ils ont reçu trois doses de la préparation vaccinale ou un vaccin contre l’hépatite B aux âges de 8, 12 et 16 semaines. Tous ont reçu un vaccin composé contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et Haemophilus influenzae b. Pendant la période de surveillance de 9 mois, on n’a pas observé d’interférence avec les réponses immunitaires aux autres vaccins et le profil de sécurité est identique à celui des enfants vaccinés contre l’hépatite B. Des titres d’anticorps anti-sporozoïte sont décelés chez plus de 98 % des enfants qui ont reçu le vaccin RTS,S/AS02D. Pendant la période de 6 mois après l’immunisation, les incidences des nouveaux cas de paludisme et des cas de maladie déclarée se sont réduits respectivement de 65 et de 59 %. Ces résultats indiquent que le vaccin RTS,S/AS peut être donné avec les vaccins habituels, ce qui permettrait son administration en routine et à un moindre coût.
Bejon et coll. rapportent une étude de phase 2b de sécurité et d’efficacité du candidat vaccin combiné avec l’adjuvant AS01E chez des enfants de 5 à 17 mois. L’étude a été menée en double aveugle, comparativement au vaccin contre la rage (témoin), chez une cohorte de 894 enfants à Kilifi au Kenya et à Korogwe en Tanzanie.
Au total, le vaccin RTS,S/AS01E est associé à une moindre incidence d’effets secondaires que le vaccin utilisé comme témoin. Le taux d’efficacité est de 60 % contre tous les épisodes de paludisme clinique. Des titres d’anticoprs anti-sporozoïtes sont détectables chez plus de 99 % des enfants.
Un résultat encourageant.
La corrélation entre l’incidence réduite de l’infection et l’usage du vaccin est considérée comme un résultat encourageant. Toutefois, dans cette étude comme dans celle d’Abdulla et coll., « il existe une corrélation entre un risque réduit de contracter l’infection et une augmentation du taux d’anticorps. Mais il n’y a pas de démonstration d’une protection contre la maladie clinique en corrélation avec les titres d’anticorps anti-sporozoïtes chez les enfants vaccinés. »
Des commentateurs notent que l’incidence du paludisme est basse dans les régions où les études se sont déroulées. Il serait intéressant de mener des études d’efficacité en association aux moyens de défense contre le paludisme : moustiquaires, traitements à l’artémisine qui, d’après les premières évaluations en Gambie, en Afrique de l’Ouest et au Kenya, réduisent de manière très importante le poids du paludisme. « C’est le premier vaccin contre le paludisme à atteindre cette phase du développement. Il est essentiel maintenant d’évaluer ses performances dans des régions de transmission plus intense. » Le vaccin RTS,S est promis à entrer en phase 3 d’essais cliniques au cours de 2009.
* Une des formes de développement du parasite, produit final de la sporogonie. Passe du moustique à l’homme lors de la piqûre (Dictionnaire Masson).
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