Ce ne sera pas tâche facile. Emmanuel Macron est au plus bas de sa cote de popularité ; elle est aussi peu élevée que celle de François Hollande quand l'ancien président a décidé de ne pas se présenter pour un second mandat. M. Macron trouve de l'hostilité partout, à gauche, à droite, chez les extrêmes, bien sûr, et même dans son propre camp, dont certains éléments, notamment les élus venant de la gauche, se déclarent déçus par sa politique. Les affaires, comme celle de Benalla, décidément impérissables, compliquent les efforts fournis par le chef de l'Etat. La crise des gilets jaunes a donné à son impopularité un son particulièrement haineux qu'aucun président de la Ve n'a entendu avant lui. Enfin, le président surfe sur la crète du malentendu : il prétend voir dans le mouvement des gilets jaunes une force réformiste qu'il serait le seul à pouvoir satisfaire.
Certes, il donne à dessein cette explication de la crise : il y aurait entre les émeutiers et lui des affinités, la même aspiration au changement, le même souffle transformateur. Mais il va à leur rencontre et il cède sur des points essentiels. Il y aura au premier semestre un grand débat national où tous les Français pourront se faire entendre. Dans les sondages, la moitié de nos concitoyens semblent accorder de la confiance à ce processus. La plupart expriment leur intérêt. Attention à ne pas les décevoir. Car, en réalité, Macron n'acceptera jamais le RIC, le référendum d'initiative citoyenne exigé par les gilets jaunes. Ce serait en effet, pour lui, un acte suicidaire et ce que l'on peut dire des gilets, c'est qu'ils seraient plus crédibles s'ils ne demandaient pas à Macron de mettre la tête sur le billot. En revanche, il pourrait y avoir un référendum à plusieurs questions : la démarche sera de toute façon risquée, même si le pouvoir veille à ne pas poser des questions entraînant des réponses politiquement mortelles.
Face à l'adversité
Le président pense-t-il qu'en donnant la parole à tous, y compris les plus virulents de ses censeurs, il finira par les apaiser ? Il a décidé en tout cas de s'exposer une fois de plus et de prendre le risque ultime d'une action capable d'aggraver encore le ressentiment populaire. La transition écologique, la fiscalité, la démocratie et la citoyenneté, la réforme de l'Etat sont au menu du débat qui sera, indubitablement, animé, foisonnant, multiple et tonitruant. Ainsi la réponse semblera démocratique à l'exigence la plus excessive. Peut-être que le président n'avait pas le choix.
Il ne chômera pas. Il ne veut pas freiner le rythme des réformes. Il tentera par tous les moyens, y compris grâce à la lettre adressée à tous, de contenir la rage de ses concitoyens. Et continuera d'appliquer son programme, pour autant que les gilets jaunes acceptent de rentrer dans le rang, ce qu'ils n'ont pas encore fait. Les erreurs de ce gouvernement, surtout dans la partie communication, sont innombrables. Les ennuis qu'il s'est créés, par inexpérience peut-être ou à cause d'une trop grande confiance en lui-même, étaient pour la plupart évitables. On ne peut pas nier néanmoins que Macron s'adresse avec courage à l'adversité, qu'il la prend à bras-le-corps, qu'il ne craint pas de donner raison à ses détracteurs, bien qu'ils soient souvent manipulés par les partis d'opposition, que, comme dans ses bains de foule, il se lance sans hésiter au cœur de la mêlée et espère, enfin, retirer de son audace un minimum de réconfort ou de popularité. Cela ne suffira pas à restaurer son auréole présidentielle. Mais la question ne porte pas sur sa longévité politique. Elle concerne l'avenir du pays, qui, à l'époque de la furia populiste, pourrait tomber en de bien mauvaises mains.
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