Vingt ans après le plan qui porte son nom, Alain Juppé, qui s'était attiré les foudres du corps médical en 1995 a fait son mea culpa devant les médecins libéraux à la Baule. Le premier ministre d’alors, aujourd’hui candidat à la primaire de la droite et du centre pour la présidentielle de 2017 est en effet revenu sur son passif avec le corps médical libéral : "L'histoire de mes relations avec vous, médecins libéraux, n'a pas toujours été un long fleuve tranquille", a lancé Alain Juppé, déclenchant les rires et les applaudissements de l'assistance réunie à l’occasion des « Rencontres de la Baule » organisées par la Conférence des URPS. "Je vous le dis aujourd'hui très sérieusement: oui, il y a eu des erreurs dans la conduite de cette réforme", a poursuivi l’ancien premier ministre.
Sa plaidoirie se voulait d’abord économique : "La France sortait en 1995 de deux années de sévère récession et nos comptes sociaux explosaient sous l'effet de la crise. Le régime général enregistrait un déficit de 60 milliards de francs, dont 30 résultaient du déséquilibre de l'assurance maladie, et au total sur la période 92-96, c'était une dette cumulée de 150 milliards de francs, aujourd'hui 51 milliards d'euros", s’est-il justifié. Et de continuer à s’expliquer devant les médecins, rappelant l’urgence de la situation de l’époque : c'était "le premier signal de la fragilisation durable de notre modèle social et je ne pouvais pas accepter qu'une banalisation des déficits abyssaux ne s'installe et conduise lentement mais sûrement à une obsolescence progressive de notre système de protection sociale. Dans l'urgence (...) j'ai pris des mesures conjoncturelles fortes très fortes, c'était obligatoire, j'ai voulu rétablir l'équilibre des comptes dès l'année 1997".
"C'est contre ces mesures que vous vous êtes élevés vigoureusement à l'époque. Avec le recul, j'éprouve le regret que nous ne nous soyons pas compris. Un malentendu s'est installé entre nous et explique, je crois, nos relations parfois compliquées. J'ai bien conscience d'en porter une lourde part de responsabilité". Les sanctions collectives pour les médecins libéraux "pouvaient être ressenties comme une injustice", a-t-il admis, faisant allusion aux fameux stabilisateurs automatiques avec pénalités à la charge des médecins en cas de dépassement de leur enveloppe.
Sur la méthode, il a aussi fait amende honorable : "Nous ne nous sommes pas compris parce que nous ne nous sommes pas suffisamment parlés (...) Je ne recommencerai pas" et désormais "je prends le temps d'écouter", a assuré Alain Juppé. Il en a aussi profité pour adresser une pique au gouvernement: "La ministre de la Santé ne vous écoute pas, pas plus que moi en 1995. Voyez comme je suis humble!"
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier
Soumission chimique : l’Ordre des médecins réclame un meilleur remboursement des tests et des analyses de dépistage
Dans les coulisses d'un navire de l'ONG Mercy Ships