Tout est parti d’une déclaration de la ministre de la Santé sur France 2 : « L’industrie du vin laisse croire aujourd’hui que le vin est différent des autres alcools. En termes de santé publique, c’est exactement la même chose de boire du vin, de la bière, de la vodka ou du whisky… Il y a zéro différence ! » Agnès Buzyn a mis le feu aux poudres.
Aussitôt, la filière viticole française actionne ses leviers lobbyistes. Édouard Philippe affirme qu’il faut « respecter cette place particulière du vin dans la culture et l’agriculture française ». Le chef de l’État en ressert un verre en s’opposant à tout durcissement de la loi Evin : « Moi, je bois du vin le midi et le soir (…), assène-t-il au salon de l’Agriculture. Il y a un fléau de santé publique quand la jeunesse se saoule à vitesse accélérée avec des alcools forts ou de la bière, mais ce n’est pas avec le vin. »
Le vin demeure sacré en France. Tous les ministres de la Santé qui ont alerté sur ses risques sanitaires s’y sont cassé les dents. Même l’actuel gouvernement, plutôt qualifié de réformateur, n’hésite pas à désavouer Agnès Buzyn et ne touchera pas à cette icône. Quelle ironie… quand on se souvient qu’Emmanuel Macron candidat a fait de la prévention le fer de lance de sa politique de santé ! Faut-il encore rappeler que chaque année, en France, 49 000 personnes meurent à cause de l’alcool ? En juin 2016, la Cour des comptes dénonçait à quel point les politiques publiques de lutte contre les consommations nocives d’alcool en France sont peu efficaces en raison de la tolérance générale vis-à-vis de ce produit.
En réaction aux déclarations du président, des spécialistes ont publié lundi dans Le Figaro une tribune intitulée « Vu du foie, le vin est bien de l’alcool ». Les addictologues n’entendent pas baisser la garde car la bataille du sevrage alcoolique n’est toujours pas gagnée. Pour preuve, les espoirs suscités par le baclofène sont en partie douchés par les résultats de l’étude Alpadir (lire p. 19). Sa demande d’AMM dans cette indication semble conditionnée à la publication très attendue de l’essai Bacloville, mené en médecine générale. Ne laissons pas circuler les rumeurs. Même si ces fake news viennent du plus haut sommet de l’État
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