« Les migrations, produits de divers facteurs tels que la croissance démographique, les enjeux climatiques et les crises géopolitiques, sont destinées à se répéter et persister. Cette réalité incontestable doit nous pousser à agir avec fraternité et solidarité », exhorte le Pr Jean-François Delfraissy. Le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) dont il est président a pris position, mi-octobre, pour la sauvegarde de l'aide médicale d'État (AME), menacée dans le projet de loi immigration.
Les arguments sont à la fois éthiques et sanitaires. Le dispositif est le seul à permettre aux personnes en situation irrégulière un accès aux soins de santé, en ville ou à l'hôpital. Priorité doit être donné au respect de la dignité des personnes et à la solidarité « qui s’exprime dans la fraternité et dans le devoir d’hospitalité », estime le comité.
Déjà en 2017, le CCNE avait consacré un avis entier à la santé des migrants où il s'indignait contre l'accueil que la France leur réservait. Il dénonçait même, dans le maintien de mauvaises conditions d'accès aux soins, une « instrumentalisation de la santé comme outil de refoulement ». Alors que des approches d'aller vers devraient être privilégiées pour atteindre une population éloignée de tout, ce sont les associations, et non l'État, qui assurent leur prise en charge, regrettait l'instance. L'hôpital, lui, affiche une mobilisation très diverse selon les territoires.
Le CCNE est loin d'être la seule instance à mettre en avant les principes éthiques. Depuis la crise migratoire de 2015, le Défenseur des droits, les associations comme Médecins du monde ou le Comède, ou encore l'Académie nationale de médecine ont plusieurs fois fait entendre leur voix. La rue Bonaparte préconisait même en 2020 de « remémorer aux praticiens leur devoir de prendre en charge tous les patients conformément au serment d'Hippocrate, quelles que soient les difficultés rencontrées ».
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