À LA VEILLE de l’examen du volet« santé publique » de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST, titre III), qui devrait être examinée par les députés début mars, les défenseurs de la filière viti-vinicole fourbissent leurs amendements. En écho, les partisans d’un renforcement de la lutte contre l’alcoolisme s’en remettent, via un sondage IFOP, à l’opinion publique, qui s’était déjà largement exprimée lors des états généraux de l’alcool, organisés par le ministère de Xavier Bertrand en 2006. D’un côté, on parle de « menaces sur un pan de la culture française du vin, voire de la culture tout court », de l’autre on évoque la protection de la santé.
Dans le sondage réalisé pour l’ANPAA et la Ligue, quatre Français sur cinq se prononcent contre la vente ou l’offre à titre gratuit de boissons alcooliques aux moins de 18 ans. Un quasi-plébiscite en faveur de l’article 23 de la future loi. Si ça passe, comme s’y engage Roselyne Bachelot, c’en sera fini d’une législation compliquée à comprendre et difficile à faire appliquer par les professionnels. Elle rend par exemple accessibles aux 16-18 ans les boissons de groupe 2 des boissons, contrairement à celles de groupes 3 et 5, et fait un distinguo entre les consommations sur place et les ventes à emporter.
Face à la restriction de l’offre prévue par la loi, les alcooliers, qui hurlent à la prohibition, ont obtenu de la commission des Affaires économiques de l’Assemblée un amendement permettant à un parent qui accompagne son enfant dans un café ou un restaurant de lui offrir un verre.
Stations-service et épiceries.
Interrogés à propos des ventes au forfait dans les établissements de nuit et les fêtes en tous genres, où, après avoir payé un droit d’entrée (10/15 euros) on peut boire à volonté, les Français approuvent, là encore à 80 %, leur suppression voulue par la ministre de la Santé (article 24). Ils signent des deux mains, également, cette autre disposition de l’article 24 qui met fin à la vente dans les stations-service des boissons alcooliques (1 % des ventes globales). L’ANPAA aimerait que la mesure concerne aussi les épiceries entre 20 heures et 6 heures du matin, tandis qu’un texte de la députée UMP Valérie Boyer propose que le feu rouge ou vert soit donné par arrêté du maire.
Enfin, les personnes consultées par l’IFOP vont jusqu’à réclamer l’absence de publicité informatique sur les sites des producteurs, ce que le projet de loi HPST tolère.
Bien évidemment, les alcooliers restent en embuscade. Eux aussi savent retourner l’opinion vers eux, à travers ces myriades de routes des vins qui sillonnent quasiment tout le pays, et les parlementaires des territoires vinicoles, porteurs d’une quarantaine d’amendements en leur nom.
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