Fragilisation des usagers de drogues précaires, difficultés d’accès aux soins, adaptation et parfois intensification des consommations, disponibilité des produits malgré les restrictions : l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) dresse en cette fin d’année un premier bilan de l’impact de la crise sanitaire sur les usages et les usagers de drogues.
Dans le cadre de son dispositif « Tendances récentes et nouvelles drogues (TREND) », l’OFDT a compilé, dans un article de la revue « Tendances », les observations de ses huit coordinations locales (Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Metz, Paris, Rennes et Toulouse), réalisées en 2020 et jusqu’au début de 2021.
Accès difficile aux structures de soins
Il en ressort que « la perturbation du fonctionnement des administrations durant l’année 2020 a entraîné des retards récurrents pour l’accès aux droits (caisses primaires d’assurance-maladie, caisses d’allocations familiales) et le versement des prestations sociales », fragilisant les plus précaires.
À ces premières difficultés s’est ajouté un accès difficile au matériel de réduction des risques et des dommages (RdRD) ainsi qu’aux structures de soins (Csapa et Caarud*). La crise sanitaire a ainsi pu conduire à des « reports, voire à des ruptures durables de soin (par exemple pour l’initiation de traitements de médicaments de substitution aux opioïdes) ».
Les observateurs du réseau TREND alertent également sur « une dégradation globale de la santé mentale des usagers de drogues les plus précaires avec des usages majorés d’alcool et de benzodiazépines pour réguler des symptômes de stress ou dépressifs ».
Les professionnels ont par ailleurs dû adapter leurs pratiques et modalités d’intervention. Lors du premier confinement, ils se sont concentrés sur la distribution de matériel de RdRD, sur la satisfaction des besoins primaires, les interventions sur les lieux de vie et sur la continuité des consultations et des délivrances de médicaments de substitution et psychotropes. Si certaines des nouvelles modalités d’intervention, comme les téléconsultations, ont pu être bénéfiques pour certains patients, elles ont été souvent perçues comme des contraintes dégradant la prise en charge.
Des produits toujours disponibles malgré les restrictions
En parallèle, les consommations se sont également adaptées à la période. Les restrictions sanitaires et la fermeture des lieux festifs ont d’abord entraîné un déplacement des usages dans des fêtes privées, associées à une intensification des consommations. Pour certains, l’absence d’activité professionnelle pendant la période ou le télétravail « ont pu se révéler propices à des usages diurnes d’alcool, de cannabis et de cocaïne pour des personnes qui ne consommaient auparavant qu’en soirée ».
En revanche, des personnes « travaillant dans un cadre propice aux usages de drogues (hôtellerie-restauration, évènementiel, gestion d’établissements nocturnes) ont indiqué avoir diminué leurs consommations (principalement d’alcool et de cocaïne) une fois au chômage ».
Enfin, il est relevé que « les restrictions de déplacement instaurées dans le cadre de l’urgence sanitaire ont globalement peu affecté la disponibilité des drogues en 2020, à l’exception du début du premier confinement ».
*Csapa : centre de soin, d'accompagnement et de prévention en addictologie ; Caarud : centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogues
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