« L’ALCOOL ne touche pas forcément les personnes que l’on croit. Cinq millions de Français sont des buveurs à risque non dépendants », met en garde l’ANPAA (Association de prévention en alcoologie et addictologie). En Gironde, en Dordogne, dans les Landes, dans le Lot-et-Garonne et dans les Pyrénées-Atlantiques, un homme sur trois et une femme sur dix sont des consommateurs « en danger éventuel », soit trois fois plus que d’alcoolodépendants. Pour l’ANPAA et Agir 33, il est impératif d’aller au-devant de ces populations avant qu’elles basculent dans l’accoutumance.
Le rôle du généraliste apparaît majeur, relève le mouvement associatif anti-addictions qui demande aux buveurs ordinaires et sans histoire des 5 départements aquitains de s’en remettre à lui lors du colloque singulier. C’est le but d’une campagne, financée par la DRASS, qui démarre aujourdhui. Les salles d’attente des 3 700 généralistes (1 800 Girondins) et les 1 500 officines pharmaceutiques de la région affichent ces quelques mots « Votre consommation d’alcool vous paraît-elle normale ? », associés à la recommandation suivante « Parlez-en à votre médecin traitant ». Un site internet (http : //alcooletmoi.comm-sante.com) permet également aux patients d’évaluer eux-mêmes leur comportement face aux boissons alcooliques, tandis que les professionnels y découvriront un moyen pour se former en ligne grâce à un diaporama et une vidéo.
Formation.
« Depuis huit ans, 25 % des omnipraticiens aquitains ont été formés au cours d’une soirée FMC », dit au « Quotidien » le Dr Philippe Castéra, médecin coordinateur du réseau addictions Agir 33, qui assure une initiation aurepérage précoce et intervention brève (RPIB) grâce à un financement du Fonds d’intervention pour la coordination de la qualité des soins (assurance-maladie). Une circulaire du ministère de la Santé du 1 er octobre 2006 prévoit d’étendre l’enseignement à 75 % des généralistes d’ici à 2010. « Nous avons mobilisé jusqu’à maintenant les plus motivés de nos confrères, souligne le Dr Philippe Castéra. Aussi, le fait que leurs patients se voient conviés à les solliciter devrait inciter les autres praticiens à s’engager à leur tour. » Et de préciser : « Les connaissances en la matière sont indispensables, mais pas suffisantes. Il convient de les compléter par un savoir-faire/savoir-être qu’on acquiert en FMC. » Agir 33 réalise, pour sa part, en Gironde de 7 à 8 soirées de formation chaque année. Le RPIB chez les non-alcoolodépendants - qui s’appuie notamment sur les consignes OMS« 2 verres par jour maximum chez la femme, 3 pour l’homme » - montre que de 25 à 40 % des buveurs, une fois sensibilisés au risque, consentent à réduire leur consommation de façon durable. « Parler d’alcool peut prendre que quelques minutes » et faire gagner des années de bien-être.
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