« Succès indéniable », « une initiative porteuse d'espoir », « réussite incontestable ». Les associations et sociétés savantes ne tarissent pas d'éloge pour qualifier le résultat de la mobilisation lors du Défi de Janvier (le « Dry January » en version française).
Sur le site du Défi de Janvier, 8 734 participants se sont inscrits. De plus, la page Facebook et le compte twitter comptabilisent respectivement 3 227 et 3 088. « Ces chiffres ne représentent pas le centième du nombre de personnes qui ont fait le Dry January », estime le Pr Michel Reynaud, président du Fonds Actions Addictions.
Qu'il s'agisse de la Fédération française d'addictologie (FFA), de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA) ou le fonds Actions addiction, tous citent le sondage YouGov du 29 janvier, selon lequel 61 % de la population a entendu parler de l'opération, malgré l'absence de soutien des pouvoirs publics. « Le but de cette opération de santé publique était que les participants puissent se situer par rapport au niveau de leur consommation, et questionner la place de l'alcool dans nos sociétés », rappelle Bernard Basset, vice-président de l'ANPAA.
Par ailleurs, et toujours selon le même sondage, 24 % des 1 007 adultes interrogés, déclarent avoir relevé Le Défi de Janvier cette année : 16 % ont tenté de réduire leur consommation d'alcool, et 8 % ont tenté de ne pas boire du tout pendant tout le mois de janvier. Dans deux tiers des cas, ceux qui relèvent le défi le font pour diminuer leur consommation d'alcool, et dans un tiers des cas, pour ne pas boire du tout en janvier. Pour 43 % des sondés, l'État n'aurait pas dû abandonner le projet. Les participants au Défi de Janvier sont plutôt des hommes jeunes (22,3 % contre 12,7 % de la population nationale) et habitent dans une grande ville (38,9 % contre 27 % de la population nationale). Ces données doivent être confirmées par une enquête menée par Santé Publique France dont les résultats sont attendus en juin prochain.
Un « bad buzz » qui profite
À l’origine, le Défi de Janvier devait être une opération de santé publique organisée par l'agence Santé Publique France, finalement annulée suite au véto du président de la République. Les associations engagées dans la lutte contre l'addiction à l'alcool ont finalement repris l'initiative à leur compte. « Rétrospectivement, cette annulation a été à la fois une bonne et une mauvaise chose, analyse le Dr Basset. Ce fut une bonne chose car cela a généré une incroyable couverture médiatique et que le contexte social actuel autour du gouvernement fait qu'une initiative de santé publique inoffensive attire davantage de sympathie s'il s'y oppose. De plus, cela a validé notre analyse de l'action des lobbies viticoles. »
Le Pr Reynaud et le Dr Basset s'accordent sur le fait que la visibilité de l'initiative associée au « bad buzz » du gouvernement a poussé la population à davantage de compréhension envers les participants au Défi de Janvier.
Pour ce qui est des conséquences négatives, les promoteurs du Défi de Janvier n'ont pas pu compter sur les moyens de communication institutionnels qui étaient prévus par Santé Publique France. « Cela a aussi ouvert un débat sur "qui sont vraiment les interdicteurs" entre ceux qui veulent proposer une réflexion sur l'alcool et ceux qui veulent interdire une campagne de santé publique, poursuit le Pr Reynaud. Cela aura aussi mis en lumière un choix non équilibré du gouvernant et qui protège la filière viticole aux dépens de la santé des Français. »
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