Si la consommation d’alcool en France a diminué (20 % entre 1992 et 2012, selon le rapport 2015 de OCDE) celle des femmes augmente. «Les chiffres sont assez récents, il y a eu très peu d’études sur le sujet des femmes et de l’alcool. Ce que l’on sait c’est qu’elles sont à peu près 10 %, soit trois fois moins que les hommes à déclarer consommer régulièrement de l’alcool, mais moi, j’ai des doutes sur ces chiffres-là », assène la psychiatre. Et pour le Pr Michel Reynaud (Libération du 8 mai 2018), «iI n'existe aucune donnée fiable. Cela varie entre 500 000 et 1 million…»
Selon les chiffres du Fonds Actions Addictions dont il est le président, 92 % des femmes concernées boivent en cachette et 46 % refusent d’en parler. Si les hommes consomment souvent l'alcool à plusieurs préférentiellement, les femmes au contraire, boiraient plus volontiers en solitaire et en cachette. «Les femmes malades de l'alcool ne sont pas celles que l’on croit » insiste la Dr Fatma Bouvet de la Maisonneuve. Elle fait le constat d'une forte augmentation de la souffrance chez les femmes actives. Elle explique que d'ailleurs l'alcoolisme féminin touche plus les femmes diplômées et sur lesquelles les responsabilités et injonctions de réussite pèsent le plus.
L'alcoolisme des femmes loin d'être festif agirait comme un anesthésiant au stress et au surmenage. «La maladie alcoolique de la femme est une sorte de condensé des souffrances psychiques et sociales» insiste l'addictologue.
Le lien avec les violences conjugales est aussi avéré. Interpellant le gouvernement lors du Grenelle des violences faites aux femmes, un collectif d'addictologues rappelait en octobre que dans 55% des féminicides au moins l'un des deux, auteur ou victime, était sous l'emprise d'alcool ou de stupéfiants.
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