« Effet néfaste », « risque substantiellement plus élevé que celui affirmé » par le cigarettier : le tabac chauffé fait l'objet d'une alerte de la part de l'European Respiratory Society, à l'occasion de son congrès qui a lieu à Paris du 15 au 19 septembre. « L'ERS ne peut recommander un produit ayant des effets néfastes sur la santé pulmonaire ». Encore peu répandu en France – on n'en trouve pas chez tous les buralistes –, le tabac chauffé se présente sous la forme d'un appareil électronique dans lequel est introduit du tabac. Philip Morris décrit ainsi son IQOS comme un dispositif « qui chauffe le tabac au lieu de le brûler » et revendique l'absence de combustion.
Du goudron comme les cigarettes
Dans un manifeste intitulé « Concevoir un avenir sans fumée », le cigarettier Philipp Morris International (PMI) assure construire « l’avenir de PMI sur des produits sans fumée qui sont un bien meilleur choix que la cigarette » (sic). « Dire que leur produit est sans fumée, c'est faux. On est dans l'enfumage, estime le Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue à la Pitié-Salpêtrière (Paris). Combustion ou pyrolyse, peu importe : ce dispositif engendre du monoxyde de carbone donc du goudron, comme les cigarettes classiques, contrairement à ce qu'essaient de faire croire les industriels. »
Le tabac chauffé contient en effet de nombreux composés toxiques. Si l'industrie du tabac ne dit pas le contraire, l'ERS dénonce « un risque substantiellement plus élevé que celui affirmé ».
Pour le Pr Dautzenberg, ces produits ont été créés pour favoriser la dépendance : « Le tabac chauffé fonctionne de façon à fournir des shoots de nicotine qui créé la dépendance. »
Des méthodes marketing ambiguës
Dénonçant les méthodes marketing ambiguës de la part de PMI qui laisseraient penser que la consommation de tabac chauffé pourrait réduire les risques pour les consommateurs, il martèle : « Ce produit n'est un produit de réduction du risque tabagique. Au contraire, les données actuelles, encore incomplètes, montrent qu'IQOS conduit plus de personnes à entrer dans le tabagisme qu'à en sortir. »
Concernant la position de l'ERS, le spécialiste regrette un « message confusionnant » avec la cigarette électronique – « plus proche du substitut nicotinique » – et déplore un « message trop gentil » sur le tabac chauffé.
L'ERS rappelle pourtant que la Commission européenne interdit « toute suggestion donnant à penser qu’un produit du tabac particulier est moins nocif que d’autres ».
« Les discussions autour de ces nouveaux produits ne doivent pas nous éloigner de notre mission première : promouvoir des mesures réglementaires dont l’efficacité pour réduire le tabagisme a été prouvée et continuer à accompagner les fumeurs souhaitant arrêter », conclut l'ERS.
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