Depuis fin juin 2023, la circulation à La Réunion de « substances non encore identifiées », ayant entraîné « des overdoses très graves et/ou mortelles », inquiète les autorités sanitaires de l’île. Treize intoxications ont été signalées par les dispositifs d’addictovigilance et de toxicovigilance à l’Agence régionale de santé (ARS). Parmi ces cas, trois décès et six hospitalisations en réanimation ont été enregistrés.
« D’après les premières investigations menées, il s’agirait d’opiacés de synthèse 500 fois plus puissants que l’héroïne », indique un communiqué de l’ARS. Des investigations toxicologiques sont en cours. « Compte tenu de la complexité des analyses chimiques, les résultats ne sont pas encore disponibles », est-il précisé.
Certains des patients intoxiqués rapportent avoir ressenti les symptômes après deux bouffées de tabac fumé : « une asphyxie brutale s’installe car ces substances ont un effet direct sur les centres respiratoires cérébraux, détaille l’ARS, puis la personne est dans l’incapacité de respirer. »
Les opiacés de synthèse « peuvent être fumés, vaporisés, injectés, ingérés, inhalés, sniffés, à l’insu ou non du consommateur », est-il rappelé. « Très puissants », ces produits « présentent un risque d’overdose majeur, quelques secondes ou minutes après la prise du produit » et peuvent conduire au décès en l’absence de prise en charge médicale rapide.
En Europe, une augmentation de l'offre d'opioïdes de synthèse
Dans son rapport annuel publié en juin dernier, l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA) alertait sur l’augmentation de l'offre d'opioïdes de synthèse, à forte teneur en principe actif, en particulier du benzimidazole (nitazène). Ces produits (auxquels il faut ajouter les produits dérivés du fentanyl) sont associés à une augmentation du nombre de décès par surdose dans les pays baltes, notamment en raison de mélanges contenant une benzodiazépine et de la xylazine, un sédatif pour animaux (dits « benzodope » et « tranq-dope »).
À La Réunion, la circulation d’une de ces substances à risque mortel est une première. « Il pourrait s'agir de produits commandés (à l'extérieur de La Réunion, NDLR) par erreur sans que le commanditaire soit conscient de leur dangerosité », commente le Dr David Mété, chef du service d'addictologie au CHU de Saint-Denis.
La plus grande prudence est recommandée aux consommateurs en cas de consommation de produits stupéfiants, notamment à base de tabac. L’ARS préconise de ne jamais accepter de cigarette ou de tout autre produit dont la provenance n’est pas connue, et de contacter immédiatement le 15 dès qu’une personne présente des symptômes inhabituels pendant ou après avoir consommé des produits, notamment du tabac.
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