ARRÊTER le tabagisme est bienfaisant pour la santé physique, mais jusqu’ici, il n’était pas prouvé que cela ait un effet sur le psychisme. Au contraire, on suppose généralement que les fumeurs utilisent la cigarette pour réduire leur anxiété et les symptômes de dépression.
« Arrêter de fumer ne devrait plus apparaître, comme beaucoup de fumeurs le craignent, comme une dure épreuve assortie d’un sacrifice psychologique, assumé au service de la longévité », écrivent les auteurs.
Kahler et coll. (University of Southern California) ont étudié un groupe de fumeurs des deux sexes désirant arrêter de fumer. Ils ont reçu des conseils et des patches à la nicotine, ils ont été soumis à un test standardisé évaluant les symptômes de la dépression une semaine avant l’arrêt programmé, test réitéré 2, 8, 16, et 28 semaines après cette date*.
Meilleure humeur lorsqu’ils étaient abstinents.
Les 209 participants ont été classés selon leur comportement vis-à-vis de l’arrêt du tabac : 99 sujets ne se sont pas arrêtés ; 44 étaient abstinents seulement lors de l’évaluation à 2 semaines ; 33 étaient abstinents aux visites des 2e et 8e semaines et 33 ont été totalement abstinents pendant toute la durée de l’étude.
« Leur humeur, évaluée lors des visites, était de toute évidence meilleure lorsqu’ils étaient abstinents », remarquent les auteurs. Et en confirmation, on observe que chez ceux qui ont repris le tabagisme, les signes de dépression et de tristesse sont réapparus, voire se sont accentués comparativement à leur état d’humeur enregistré antérieurement.
« Les plus malheureux de l’étude sont ceux qui ne se sont pas arrêtés du tout », soulignent Kahler et coll.
La forte corrélation temporelle entre l’augmentation du sentiment de bonheur et l’abstinence est un signe manifeste d’un parallélisme entre les deux. Les sujets de cette étude avaient également une tendance à une consommation éthylique non négligeable. Toutefois, cette consommation ne s’est pas modifiée et les résultats sont indépendants de cela. Ils sont par ailleurs cohérents avec une étude de 2002 chez des fumeurs sujets à des épisodes de dépression.
Pour Kohler, « il est difficile de considérer que la cigarette peut constituer un médicament permettant de traiter l’humeur triste et la dépression. »
D’un autre côté, l’étude de Kiandra Hebert et coll. (Université de Californie, San Diego), montre que les sujets déprimés souhaitent tout autant que les autres se défaire de leur addiction néfaste, mais que leur dépression risque de faire entrave à leur succès.
Les écoutants de la ligne téléphonique d’information sur le tabagisme de « Medicare » en Californie, ont évalué que 27 % des appelants tabagiques souffrent d’une forme majeure de dépression et 17 % d’une forme légère. Le taux d’abstinence des dépressifs majeurs deux mois après l’arrêt est bien plus bas que celui de l’ensemble constitué par les dépressifs léger et les non déprimés : un succès sur 5 versus un sur 3. Le meilleur moyen de les aider est de dépister les dépressions graves et de les traiter.
* Nicotine & Tobacco Research, en ligne le 24 novembre 2010.
** American Journal of Preventive Medicine, en ligne le 1er décembre 2010.
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