Les premiers résultats de l'étude Baclophone, menée dans les Hauts-de-France et en Normandie par les médecins du service d'addictologie du pôle psychiatrie du CHRU de Lille, confirment la difficulté de l'imputabilité des effets indésirables chez les patients sous baclofène. La distinction entre événements imputables et non imputables « n'est le plus souvent pas faite dans les rapports nationaux de pharmacovigilance ou toxicovigilance sur le baclofène, alors qu'elle est très importante », rappellent les auteurs.
Dans le cadre de leur travail, une recherche poussée de l'imputabilité a été menée pour chaque patient par le centre régional de pharmacovigilance (CRPV) de Lille qui s'est livrée à des enquêtes sur les enquêtes sur les antécédents et les circonstances de la survenue de chaque événement et une recherche bibliographique d'éventuels autres cas. Ce rapport intermédiaire n'a pas mis en évidence de problème de sécurité majeur en lien avec l'utilisation du baclofène. Le nombre de sujet inclus reste toutefois trop limité pour autoriser une conclusion définitive. Un an après le début de l'étude, seulement 104 patients avaient été inclus, un chiffre loin des 264 inclusions par an pendant 3 ans initialement prévu. Les auteurs espèrent corriger le tir grâce à l'extension nationale de leur étude.
Les patients, en majorité des hommes (70 %) d'un âge moyen de 46,3 ans, avaient une consommation moyenne de plus de 64 verres par semaine avant introduction du baclofène, mais avec une grande hétérogénéité des consommations. Parmi les 28 patients sortis de l'étude, 10 l'ont fait suite à un effet indésirable.
Une dose moyenne de 90 mg/j
Les doses maximales de baclofène prescrites forment une distribution quasi normale autour de 90 mg/j, soit un peu plus que la dose maximale de 80 mg/j désormais inscrite dans la RTU de l'ANSM. Les auteurs estiment toutefois « probable que les doses maximales quotidiennes de baclofène augmentent lors des prochains rapports intermédiaires, avec l'augmentation des durées de suivi des participants ».
Les auteurs notent en tout 53 cas de sédation dans l'étude, dont 56,6 % sont imputés au baclofène. Il s'agit de l'événement indésirable le plus fréquent, devant les troubles digestifs (18 cas), les vertiges (16 cas) et les troubles du sommeil (12 cas).
Les auteurs notent aussi la présence de 8 intoxications volontaires ou tentatives de suicide. Ces intoxications médicamenteuses constituent les situations d'effets indésirables graves les plus fréquentes. Pourtant, « lorsque le rôle du baclofène est étudié à l'aide d'outils d'évaluation de l'imputabilité, une seule de ces situations a été déterminée comme causée par le baclofène. Il s'agit d'un patient chez qui l'initiation du baclofène avait entraîné une symptomatologie dépressive majeure avec idées suicidaires, détaillent les auteurs, l'ensemble de ces symptômes avait régressé après l'arrêt du baclofène ».
Il a été noté par le comité de suivi indépendant (CSI) de l'étude que ces événements survenaient souvent lors des toutes premières semaines de traitement « à des posologies très importantes, souvent plus importantes que celles théoriquement attendues ». Les membres du CSI en déduisent que ces événements ne seraient peut-être pas survenus si les recommandations d'augmentation des doses avaient été suivies. Ils insistent donc sur la nécessaire formation des prescripteurs et des patients en la matière.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?