Le baclofène est un agoniste des récepteurs GABA-B ayant une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour la spasticité neurologique (dose maximale : 80 mg/j).
Depuis une dizaine d’années, on observe une utilisation importante de baclofène hors-AMM dans l’alcoolodépendance, à des doses pouvant atteindre 300 mg/j (1). Cette utilisation est essentiellement française, mais elle s’observe aussi dans d’autres pays européens et en Australie.
En 2014, l’importance des prescriptions a amené l’Agence française du médicament et des produits de santé (ANSM) à publier une recommandation temporaire d’utilisation encadrant cette pratique de prescription. Le monde médical français restait toutefois en attente des résultats d’études d’efficacité en vue d’une éventuelle extension d’AMM. Les principaux résultats de quatre essais cliniques ont été présentés au congrès de l’ISBRA à Berlin en septembre 2016 (2).
Des résultats contradictoires
Les résultats du premier essai, mené en Allemagne, étaient déjà connus car publiés (3). Cet essai réalisé chez 56 patients, à la dose maximale de 270 mg/j, retrouvait après 12 semaines un taux d’abstinents de 68,2 %, contre 23,8 % pour les patients sous placebo (p = 0,014).
Le deuxième essai en maintien d’abstinence, mené en Hollande sur 151 patients, avait trois bras (30 mg, 150 mg, et placebo). Il ne retrouvait statistiquement pas d’efficacité des deux doses de baclofène.
L’étude industrielle ALPADIR, menée en maintien d’abstinence pendant 19 semaines chez 320 patients (dose maximale : 180 mg/j), ne retrouvait pas d’efficacité significative du baclofène sur les différents paramètres de consommation.
Enfin, BACLOVILLE, la seule étude en réduction de consommation, menée pendant 1 an chez 321 patients, avec une dose maximale de 300 mg/j, annonce un résultat positif avec un taux d’abstinence ou d’usage simple d’alcool de 56,8 % dans le groupe baclofène, contre 36,5 % pour le groupe placebo (p < 0,05).
Afin que la procédure réglementaire puisse avancer, il sera essentiel d’avoir accès à l’ensemble des données (taux de perdus de vue et données manquantes, méthodes d’analyse, gestion de levée d’aveugle...), en particulier pour BACLOVILLE, qui est l’étude dont les premières données sont les plus porteuses d’espoirs pour une possible extension d’AMM.
INSERM eri24, université Picardie Jules Verne, Amiens
(1) Rolland B, et al. The current French craze for baclofen. Addiction 2012;107(4):848-9
(2) ISBRA Congress 2016. The Clinical Effects of High-Dose Baclofen in the Treatment of Alcohol Dependence: Results from Four Randomized Clinical Trials. http://isbra-esbra-2016.org/programme/
(3) Müller CA, et al. High-dose baclofen for the treatment of alcohol dependence (BACLAD study): a randomized, placebo-controlled trial. Eur Neuropsychopharmacol 2015;25(8):1167-77
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