La consommation de cannabis est-elle directement responsable des mauvais résultats scolaires ? Le lien n'est pas à évident à établir. Il est en effet difficile de savoir avec certitude si les capacités de travail et de concentration des adolescents sont directement affectées par la consommation de cannabis où s'il s'agissait de deux phénomènes concomitants ayant des origines communes.
Une étude publiée dans l'« International Journal of Epidemiology », menée par Maria Melchior, de l'institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique, (Inserm-Université Pierre-et-Marie-Curie, Paris) semble pourtant renforcer l'idée d'une relation de cause à effet.
Les auteurs ont pour cela analysé les données collectées dans le cadre de l'étude de cohorte TEMPO (financée par la MILDECA, l’INCA, l’IRESP et l’ANR), forte de 1 103 participants âgés de 22 à 35 ans en 2009. Ces jeunes adultes avaient déjà répondu à des questionnaires en 1991 et 1999, au cours de leur scolarité. De plus, leurs parents avaient eux-mêmes participé à l'étude de cohorte longitudinale GAZEL. Le niveau d'éducation était défini par l'âge auquel ces jeunes ont obtenu leur baccalauréat.
Une relation plus marquée chez les filles
Les jeunes ayant commencé à fumer du cannabis avant 16 ans avaient 77 % de risque en plus de ne pas obtenir leur baccalauréat que ceux qui ne fumaient pas. En prenant en compte les caractéristiques individuelles et familiales susceptibles de prédire l’initiation précoce au cannabis, le surrisque est diminué, mais toujours statistiquement significatif : +64 %. Cette relation semblait en outre plus marquée chez les filles que chez les garçons. Chez les expérimentateurs tardifs du cannabis (à partir de 17 ans), il n'y avait pas de différence entre fumeurs et non fumeurs.
« Les mécanismes par lesquels la consommation de cannabis à un âge précoce affecte le devenir scolaire peuvent avoir trait à la baisse de la motivation, aux problèmes de mémorisation et de concentration, entre autres », expliquent les chercheurs. « Dans un contexte où en France un collégien sur dix (un sur cinq en 3e) et près d’un lycéen sur deux a déjà expérimenté le cannabis, le recul de l’âge d’initiation de l’usage de ce produit est un objectif de santé publique majeur », estiment-ils également.
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