La mise en place des politiques anti-tabac est associée à une réduction des hospitalisations pour cause cardiovasculaire. Mais aucune étude ne s'était intéressée à l'impact de la réduction du tabagisme passif sur la pression artérielle. L'analyse des données du suivi longitudinal de la cohorte américaine Cardia (Coronary Artery Risk Development in Young Adults) en fonction de l'État, du comté et de l'implémentation de la législation bannissant le tabagisme des restaurants, bars et lieux de travail montre aujourd'hui que la suppression du tabagisme passif est liée à une réduction limitée, mais significative, des pressions artérielles systoliques (PAS) (1). Cet impact, certes réduit au niveau individuel, est probablement impliqué dans la réduction du risque cardiovasculaire en population.
15 ans de suivi au sein d'une cohorte multicentrique
La cohorte Cardia est une cohorte multicentrique de plus de 5 000 jeunes, blancs et noirs, âgés de 18 à 30 ans à l'inclusion en 1985 dans 4 villes : Birmingham (Alabama), Chicago (Illinois), Minneapolis (Minnesota) et Oakland (Californie). L'analyse porte sur leur suivi, à partir de 1995 (soit 10 ans après l'inclusion), en tenant compte de l'implémentation progressive de la législation anti-tabac entre 1991 et 2011. Les fumeurs (plus de 5 cigarettes/semaine) ont été exclus.
Les lieux de résidence ont été actualisés – les participants vivaient en 2011 dans 46 états différents contre 4 originellement – et mis en rapport avec la mise en place de la législation au fur et à mesure des années. En 1995, seulement 1,5 % des participants vivaient dans des comtés où fumer était interdit dans les restaurants, 0,8 % dans les bars et 7 % sur les lieux de travail ; en 2011, 88 % des participants vivaient dans des comtés où il était interdit de fumer dans les restaurants, 78 % dans les bars et 73 % sur les lieux de travail.
Réduction de la pression artérielle systolique
Au cours du suivi, à chaque visite les sujets vivant dans des lieux où le tabac a été banni des restaurants ont une PAS plus basse en moyenne que ceux vivant là où le tabagisme passif n'a pas été banni et cette différence augmente avec le temps. Après divers ajustements, au terme des 15 ans de suivi, cette différence est de 1,14 mmHg (- 2,15 ; - 0,12). Elle est du même ordre pour l'exclusion du tabac des bars avec une réduction moyenne de 1,52 mmHg (- 2,48 ; - 0,57). Et elle est de 1,4 mmHg pour l'exclusion du tabac des lieux de travail.
Dans le même temps, globalement, les pressions artérielles ont progressé avec le vieillissement de la cohorte, mais moins fortement chez les participants vivant dans des régions où la législation anti-tabac était implémentée.
Enfin, au niveau individuel (intra-individuel), la mise en place de la loi est associée à une réduction significative de PAS de 0,85 mmHg quand elle est appliquée dans les bars et de 1,08 mmHg quand elle est appliquée dans les restaurants. Seule son arrivée dans les restaurants est associée aussi à une réduction significative de la pression artérielle diastolique (PAD), de -0,58 mmHg.
(1) Mayne SL et al. Associations of Smoke‐Free Policies in Restaurants, Bars, and Workplaces With Blood Pressure Changes in the CARDIA Study. JAHA 2018;7:e009829
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