Si la consommation d’alcool semble diminuer en général, celle des femmes augmente. On estime qu’entre 500 000 et 1 million de femmes souffrent d’alcoolisme en France en 2018 sur 5 millions d’alcooliques. Selon le Fonds Actions Addictions, 92 % des femmes concernées boivent en cachette et 46% refusent d’en parler. "Les chiffres sont assez récents, il y a eu très peu d’études sur le sujet des femmes et de l’alcool. Ce que l’on sait c’est qu’elles sont à peu près 10%, soit trois fois moins que les hommes à déclarer consommer régulièrement de l’alcool, mais moi, j’ai des doutes sur ces chiffres-là "assène l'addictologue. Si les hommes boivent à plusieurs, les femmes le font en solitaires et en cachette. Mais le nombre croissant d' actives en souffrance peut expliquer que les femmes malades de l'alcool ne sont pas celles que l’on croit. L'alcoolisme au féminin concerne plus les femmes aisées et diplômées à haut niveau d’instruction, celles qui ont le plus de responsabilités. L'inverse du tableau alcoolique masculin.Les causes de cette dépendance sont multiples mais concernent essentiellement les injonctions qui pèsent sur elles : le stress, le surmenage L'alcoolisme féminin loin d'être festif sert plutôt d'anesthésiant.
Les spécificités de la maladie alcoolique au féminin justifiaient la création dès 2007 à l'hôpital Sainte-Anne. d'une permanence "spéciale femme". « J’ai tenu à ce que tout ce qui concerne la femme et la féminité ne soit jamais négligé. Tout ce qui concerne les problèmes de prise de poids, les pathologies d’insatisfaction sexuelles, de boulimie, d'anorexie..." souligne l'addictologue a à l'initiative du projet. "Nous interrogeons le passé pour gérer le présent voire l’avenir. Nous tenons compte de tous les antécédents de la patiente comme les abus sexuels et tous les sujets qui sont souvent considérés comme secondaires par des collègues". On découvre énormément de violence à la fois psychique et physique. "Derrière une femme qui dérape, il y a presque toujours un mal être ou une blessure de l’intime" assure la Dr Fatma Bouvet de la Maisonneuve. Egalement co-fondatrice de l’Association Addict’elles, elle vient d’organiser le 9 novembre dernier, la 1ère Journée de sensibilisation et de prévention de l’alcool au féminin et traitera de cette problématique dans le cadre du Congrès de l'Encéphale le 22 janvier. Fatma Bouvet de la Maisonneuve ne compte, bien sûr pas en rester là.
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