PARMI les 90 % de sclérose latérale amyotrophique (SLA) considérées comme sporadiques, le tabac pourrait jouer un rôle moins innocent qu’il n’y paraît de prime abord. Une étude américaine montre que les fumeurs et les ex-fumeurs présentent un risque plus élevé de l’affection neurodégénérative que les non-fumeurs. D’après l’étude dirigée par le Dr Hao Wang, les fumeurs ont un risque augmenté de 42 %, les ex-fumeurs de 44 %. L’équipe de la Harvard School of Public Health a analysé les données de 5 études prospectives totalisant plus de 1,1 million de participants, pour lesquels le suivi allait de 7 à 28 ans.
Un âge jeune.
Un total de 832 sujets étaient atteints de SLA parmi les 562 804 hommes et les 556 276 femmes inclus. L’incidence de SLA augmente avec l’âge et reste plus importante chez les hommes, quelle que soit la classe d’âge. Le risque de SLA augmente avec le nombre de paquets-année fumés, de 10 % pour chaque palier de 10 cigarettes supplémentaires par jour et de 9 % pour chaque décennie de tabagisme. Plus le tabagisme est débuté à un âge jeune, plus le risque de SLA augmente.
Encore incurable aujourd’hui, la SLA évolue inexorablement vers une détérioration de la fonction motrice. Alors que l’écrasante majorité des cas de SLA est de cause inconnue, la communauté scientifique suspecte que des facteurs environnementaux jouent un rôle dans la survenue de la maladie. Le tabagisme a fait l’objet de plusieurs études. La métaanalyse américaine confirme les résultats d’une étude épidémiologique récente menée dans l’état de Washington, selon laquelle le risque de SLA est doublé en cas de tabagisme actif. En Europe, une étude de 2009 sur Cancer et Nutrition a observé un doublement du risque chez les fumeurs sans différence selon le sexe.
La toxicité du tabac s’exercerait par une atteinte neuronale directe, via l’acide nitrique, autres composants et le stress oxydatif. Si la cigarette entraîne des processus délétères tels que formation de radicaux libres et péroxydation lipidique, des centaines de composés chimiques s’avèrent être neuroprotecteurs et pourraient théoriquement compenser les effets néfastes des autres. La maladie de Parkinson est ainsi particulièrement peu élevée parmi les fumeurs. Ce qui fait conclure aux auteurs qu’une meilleure connaissance du lien entre tabac et SLA est non seulement nécessaire, mais permettrait de découvrir d’autres facteurs de risque de l’affection neurologique.
Arch Neurol. 2 011;68(2):207-213.
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