DE NOTRE CORRESPONDANT
AU FOND DU PARC qui entoure la clinique du Moulin, à Bruz, en périphérie de Rennes, apparaît La maison du bout, Ty ar pen en breton, comme elle est nommée depuis qu’elle ne fait plus fonction de d’habitation du Dr Beltan, fondateur de l’établissement voilà cinquante ans*. Depuis novembre 2006, cette maison abrite un centre de jour pour personnes présentant une comorbidité psychiatrie et addiction (pour le moment l’alcool, avant d’ouvrir dans quelques mois aux troubles alimentaires et anorexie). Une appellation en forme de souhait (le bout de la dépendance peut-être) et une structure adaptée à un public aux besoins généralement peu satisfaits, car les hospitalisations de jour ne sont pas fréquentes dans ce domaine. Cette alternative est notamment développée de façon très récente dans le secteur privé.
Ce matin, malgré les portes ouvertes, le groupe, dit de « sensibilisation », réunit comme d’habitude entre 14 et 18 personnes qui ne sont pas encore entrées dans un parcours de soins ou qui peuvent avoir déjà vécu une cure, par exemple, sans que cela aboutisse pour le moment à une situation stabilisée. « Notre critère, c’est l’abstinence, souligne Cyril Girault, psychologue, qui intervient au centre de jour avec un autre psychologue, deux ergothérapeutes, trois infirmiers et les quatre psychiatres de la clinique. L’objectif est de leur faire prendre conscience de la maladie et de s’écarter du déni qui est habituellement fort dans les premiers temps. » Passage obligé en début de matinée : le contrôle par Éthylotest auquel procèdent les infirmiers du centre tous les jours, puisqu’une obligation d’assiduité est notifiée au cours de l’admission.
Le groupe de l’après-midi, dit de « consolidation », s’adresse en revanche aux patients après une post-cure. « Chez ces personnes, une mise en distance s’est déjà produite, il va alors s’agir de consolider leur abstinence », précise le psychologue.
Une étape importante.
Pour tous, le centre de jour sera une étape importante. « Après trois cures en huit ans, je suis bien au centre de jour où l’on m’inflige (sic) un rythme de vie », explique l’un des patients, qui a accepté que son témoignage soit filmé et diffusé au cours de cette journée. « Mon psychiatre m’a conseillé de venir ici car je n’étais pas prête à retourner, après une cure, une abstinence de dix ans et une rechute avec une dépression profonde, dans un lieu où la prise en charge est complète », raconte un autre. « Après mon hospitalisation d’un mois à la clinique du Moulin, j’ai décidé d’aller au centre de jour, souligne à son tour un jeune homme d’une vingtaine d’années. Ici, je prends conscience de ma maladie et je tente de comprendre les raisons de mon alcoolisme, en fouillant dans mon histoire familiale. » Ne pas être jugé, être encore soutenu sans être hospitalisé, repérer les situations qui peuvent mettre en difficulté… sont parmi les autres explications données à leur présence.
« Notre participation au réseau Alcool 35, créé il y a trois ans sur le département, va dans le sens d’une prise en charge plus adaptée aux besoins des patients, explique Joëlle Mode, la directrice. Nous travaillons ainsi au maximum avec les structures médico-sociales pour éviter une certaine chronicité dans la fréquentation des établissements. On remarque souvent un certain nomadisme chez des patients qui passent d’une structure à une autre sans trouver de réponse à leur problématique. »
* La clinique a été rachetée par le groupe Générale de Santé en 1991.
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