Le tabac est un problème majeur de santé publique, qui de surcroît implique d’importants enjeux économiques. La fumée de tabac a de multiples effets nocifs, liés notamment à la nicotine et surtout au monoxyde de carbone qui empêche l’oxygène de se fixer sur l’hémoglobine, ce qui a d’importantes conséquences à différents niveaux de l’appareil locomoteur. Il est en effet prouvé que le tabagisme affecte la densité minérale osseuse, accélère la dégénérescence des disques intervertébraux, multiplie la fréquence des fractures de hanche et entrave les processus de réparation tissulaires.
Le lien, depuis longtemps suspecté, entre tabagisme et survenue d’une polyarthrite rhumatoïde est confirmé. De même, la relation causale semble établie entre le tabagisme passif de l’enfant à naître ou du petit enfant et l’apparition d’une maladie de Legg-Perthes-Calvé, faisant bien de l’ostéochondrite de hanche une maladie à composante vasculaire.
De plus, il est aisé de saisir que le tabagisme, comme facteur isolé, a des effets délétères sur les interventions chirurgicales. Outre les complications générales auxquelles elle expose (cardiovasculaires et respiratoires), la fumée de tabac altère la cicatrisation cutanée et la consolidation osseuse, avec pour conséquences des infections, des désunions de cicatrice, des nécroses des parties molles, des retards et même des absences de consolidation osseuse.
À ce titre, les méfaits du tabagisme périopératoire ont une incidence sur la durée de séjour hospitalier.
Le sevrage du tabac doit donc faire, désormais, l’objet d’une prise en charge spécifique lors d’une intervention chirurgicale, notamment dans le cadre de l’urgence et de la chirurgie ambulatoire. De telles réflexions doivent inciter les praticiens à délivrer aux patients quelques messages clé, établis sur des données actuellement irréfutables :
• les fumeurs ont un taux de complications des cicatrices opératoires trois fois supérieur aux non-fumeurs ;
• cesser de fumer, six à huit semaines avant l’intervention et durant la phase postopératoire de cicatrisation (trois semaines pour la peau, six semaines pour les tendons, les nerfs, les muscles et trois mois pour l’os) annule l’excès de risque en rapport avec le tabagisme ;
• être aidé augmente les chances de sevrage complet (Tabac Info Service 3989) ;
• un arrêt tardif ou une simple réduction du tabagisme réduisent le surrisque mais ne l’annulent pas.
D’après la conférence d’enseignement du Pr Alain-Charles Masquelet (hôpital Avicenne, Bobigny).
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