AVEC LA CRISE, la consommation d’alcool sur la voie publique se démocratise, en particulier chez les jeunes. Pendant l’été, ces rassemblements urbains où l’alcool coule souvent à flot ne sont pas sans générer des troubles à l’ordre public, avec parfois quelques drames à la clé. Ces derniers mois, les colonnes des faits-divers de journaux ont relayé des cas de noyades de jeunes citadins ayant chuté totalement ivres dans des fleuves ou canaux. Afin de lutter contre l’alcoolisation « massive et brutale » dans l’espace public, la ville de Lyon a décidé d’interdire sur tout son territoire, la vente à emporter d’alcool de 22 heures à 6 heures, du 18 juillet au 10 septembre. Une interdiction nécessaire pour « lutter contre l’addiction à l’alcool » chez les jeunes et réduire les nuisances, violences et autres dégradations causées dans les rues par les personnes en état d’ivresse, commente la municipalité.
Cette interdiction lyonnaise constitue une première en France de par son ampleur géographique. Si des restrictions de vente et de consommation d’alcool existent déjà dans de nombreuses villes (Brest, Toulouse, Montpellier…), ces dernières concernent en général des zones plutôt limitées. À Paris, la préfecture de Police a publié début juillet un arrêté qui interdit, jusqu’au 31 octobre, la vente à emporter d’alcool de 22 h 30 à 7 heures ainsi que la consommation de boisson alcoolisée sur le domaine public au sein du quartier de la Villette, lieu d’apéro en plein air très prisé dans la capitale. À ce jour, une vingtaine d’arrêtés anti-alcool – permanents, saisonniers ou ponctuels – sont en vigueur dans différents quartiers de Paris. Pour le Dr Alain Rigaud, président de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA), ce type de mesures peut avoir un impact sanitaire positif. « Quand on présente un taux d’alcoolémie très important au milieu de la nuit, l’alcool appelle l’alcool. Si, à 3 heures du matin, les personnes dans les rues ont la possibilité de se ravitailler sur place, évidemment cela encourage la poursuite de l’ivresse », souligne-t-il. Avec ces interdictions, « on établit un écart entre l’idée d’acheter de l’alcool et sa réalisation. Cela fait réfléchir et arrêter ceux qui sont encore capables de le faire ».
Et Internet ?
Néanmoins, « l’efficacité de ces interdictions n’est pas totale et dépend surtout du contrôle effectif de l’offre », indique le Dr Rigaud. « On ne peut évidemment pas mettre un policier dans chaque épicerie, mais il y a des pratiques de testing, de contrôles aléatoires qui peuvent être réalisées. Si vraiment les pouvoirs publics le veulent, des progrès sont possibles », fait-il remarquer. Aujourd’hui, de nombreux petits commerces de proximité réalisent l’essentiel de leur chiffre d’affaires sur les ventes nocturnes d’alcool à emporter. La loi Hôpital, patients, santé, territoires(HPST), qui encadre ces ventes, impose en principe aux commerçants de suivre une formation similaire à celle des barmans dans les débits de boisson. « Nous n’avons aucune visibilité sur la réalisation effective de ces formations », confie le Dr Rigaud. En outre se pose aussi le problème des services nocturnes de livraison à domicile d’alcool qui pullulent sur Internet. Bien que cette forme de distribution soit assimilée à de la vente à emporter, aucune forme de contrôle n’existe autour de ce commerce qui peut constituer une alternative face aux interdictions préfectorales.
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