Dans le mot « risque », on trouve à la fois la notion d'« écueil » et de « gain », grâce à un chemin emprunté qui serait plus court : la prise de risque induirait donc un bénéfice… le plaisir des conduites à risque.
Dépasser le péril selon Descartes, que reprend volontiers le Dr Serge Simon, ex-rugbyman et ex-abonné aux 3e mi-temps. Et « ce sont effectivement les sportifs d’élite, plus volontiers hommes et adeptes des sports collectifs qui ont des comportements à risque », relève le Pr Bigard. Un fait établi : leur consommation, et en particulier la fréquence de leurs soirées « binge », est plus élevée et dépend de leur niveau d’entraînement. La prévalence des conduites à risque l’est surtout pour les « élites » régionales.
Un trait de virilité
Autre information épidémiologique, si le nombre d’unités d’alcool consommées reste en deçà de ce qui est considéré par l’OMS comme un risque pour la santé, les modalités d’apport (le binge) posent problème. L’ivresse, et le (ou la perte de) contrôle qui lui est attaché, sont considérés sur les rings ou dans les stades comme un trait de virilité. « Les sports de contact prédisposent à ces comportements à risque : la recherche hédonique du frisson ? », s’interroge-t-il. Pour limiter cette consommation excessive, on peut opposer aux sportifs friands de 3e mi-temps des arguments physiologiques. Il semble que la fonction musculaire ne soit pas altérée. En revanche, la restauration hydrique est imparfaite ; le métabolisme du glucose modifié, à l’origine d’une hypoglycémie d’exercice quand celui-ci est prolongé.
La puissance développée en début d’épreuve est moindre en cas de prise d’alcool préalable. Enfin, si les abus sont répétés, la composition corporelle est altérée : ainsi, le risque d’adiposité est multiplié par trois chez la femme et 4 chez l’homme. En ce qui concerne la récupération musculaire, « la résolution spontanée de contusions musculaires multiples (inhérentes aux sports de contact) devient impossible, l’alcool freinant le flux de synthèse des protéines musculaires », observe le Pr Bigard. Sur le plan métabolique, l’apport énergétique en alcool réduit la part des nutriments de qualité. Au débit encore de ces comportements à risque, des dettes de sommeil, un stress, etc. « Bref, la qualité de la récupération est compromise », résume-t-il.
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