VALÉRIE PÉCRESSE a reçu le 24 février le rapport de Martine Daoust, rectrice de l’académie de Poitiers, professeur de pharmacie et spécialiste des addictions. Elle l’avait chargée en novembre d’une réflexion sur les actions pouvant être menées afin de protéger les étudiants lors des soirées et week-ends d’intégration*. L’objectif étant principalement de réduire les risques liés à l’alcool, à la suite de plusieurs événements dramatiques survenus au début de l’année universitaire, avec notamment une défenestration et deux plaintes pour viols.
La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a demandé la mise en chantier immédiate de 3 mesures destinées à rendre plus efficace le dispositif juridique actuel. Les soirées et week-ends d’intégration devront être déclarés préalablement en préfecture, afin de mettre en place des dispositifs de contrôle ou d’interdiction lorsque cela apparaîtra nécessaire ; le but est aussi de responsabiliser les organisateurs, la responsabilisation des acteurs apparaissant comme un facteur majeur de protection contre le risque. Deuxième mesure, organiser des opérations de testing pour vérifier la bonne application de la loi (interdiction des open bars, sécurité, etc.). Enfin, la prévention doit être renforcée avec la publication, avant l’été, d’un guide à destination des chefs d’établissement.
Formation.
Dans son rapport, Martine Daoust suggère également, lorsque cela est possible, le recours à des barmen professionnels, qui sont formés à calculer les doses d’alcool selon les personnes et qui connaissent les risques de faute professionnelle liés à la délivrance d’alcool à une personne déjà alcoolisée. Parmi les autres préconisations : une formation des étudiants aux risques pharmacologiques liés au produit et à la gestion de l’ivresse ; et une formation spécifique des médecins universitaires sur le repérage, la prévention et les interventions précoces auprès des étudiants en difficulté.
« Pas de fête sans prévention », résume l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA), qui « accueille favorablement » le rapport. Qu’il s’agisse des soirées étudiantes, des apéros géants, des rave-parties ou des fêtes technos, il faut responsabiliser les organisateurs et les professionnels associés à ces manifestations et il faut faire appliquer la loi, notamment pour les open bars. L’association insiste pour que les formateurs et acteurs de prévention qui interviennent dans l’organisation de ces soirées soient des professionnels indépendants et que soit interdit tout partenariat avec des organismes ou entreprises liés directement ou indirectement avec le commerce d’alcool. Par ailleurs, l’ANPAA, qui assure des actions concrètes de prévention sur tout le territoire, regrette « leur précarisation, faute souvent de reconduction de crédits ».
* Martine Daoust a dirigé un groupe de travail, auquel participait notamment le Pr Jean-Dominique Favre, président d’honneur de la Société française d’alcoologie, groupe qui a procédé à une vingtaine d’auditions.
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