Une étude vantant la sécurité relative du vapotage pour la santé par rapport à la cigarette – étude commandée et mise en avant fin août, et à grands renforts de médiatisation, par Public Health England (PHE), agence dépendant du ministère de la Santé britannique, fait polémique.
L’équipe rédactionnelle de « The Lancet » vient en effet de publier un éditorial fustigeant la « hâte excessive » de l’agence sanitaire.
La e-cigarette 95 % moins nocive
Le 23 août, PHE publiait une revue de la littérature qualifiée de « déterminante », concluant que la e-cigarette est 95 % moins nocive pour la santé que la cigarette, et que son utilisation aide bien les fumeurs à arrêter le tabac. « Il faut relayer cette information », a déclaré l’agence sanitaire – ce que n’ont pas manqué de faire les médias britanniques et internationaux.
Même en France, les répercussions ont été immédiates, l’Association indépendante des utilisateurs de cigarette électronique (AIDUCE) et la Fédération interprofessionnelle de la vape (FIVAPE) ont appelé les parlementaires à lever les restrictions sur le vapotage lors de l’examen au Sénat du projet de loi de santé.
La conclusion phare de ce rapport repose sur les données de deux publications de 2014, dont l’une, publiée dans « European Addiction Research », comporte, selon « The Lancet », de sérieuses limites méthodologiques. Il s’agit d’un travail réalisé par un panel d’experts internationaux (le « Independent Scientific Committee on Drugs ») qui a évalué, sur une échelle de nocivité, l’importance des dommages induits par différents produits contenant de la nicotine. Selon leurs estimations, la cigarette atteignait un score de 99,6 %, contre 4 % pour la e-cigarette – une différence relative de 95 %.
Faiblesses méthodologiques et conflits d’intérêts
D’après « The Lancet », la PHE a omis de mentionner les limites méthodologiques et les conflits d’intérêts de certains auteurs de cette étude, pourtant soulignés dans la publication originale. « The Lancet » cite notamment « un défaut de preuves concrètes concernant les dommages induits par la plupart des produits, sur la plupart des critères pris en compte » et « une absence de critère formel concernant le recrutement des experts impliqués dans l’évaluation », mettant en avant que l’un des experts impliqués était également un consultant pour Arib Group Srl – un distributeur de e-cigarettes.
« Le fait de reposer sur des travaux dont les auteurs reconnaissent eux-mêmes la faiblesse méthodologique, et qui de surcroît sont fragilisés par des conflits d’intérêts concernant son financement, soulève des questions quant aux conclusions du rapport du PHE, mais met également en doute la qualité du processus d’évaluation collégiale de cette agence. Le PHE se vante de protéger et d’améliorer la santé et le bien-être de sa population. Pour ce faire, l’agence doit reposer sur des preuves de la plus haute qualité. Cette fois-ci, elle a failli à sa mission », dénonce l’équipe éditoriale de la prestigieuse revue britannique.
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