C'est désormais un rituel, la quatrième édition du Dry January a commencé ce 1er janvier 2023 en France. Importé du Royaume-Uni, où la première édition date de 2013, le « Défi de janvier » propose aux participants volontaires qui s'inscrivent sur son site de relever le défi consistant à ne pas boire une goutte d'alcool au cours du premier mois de l'année. Une période stratégiquement choisie, qui fait suite aux cortèges d'excès des réveillons de Noël et du Nouvel An. Le site propose des affiches et des flyers pour lancer la discussion et la réflexion sur la place sociale de l'alcool.
De nombreuses organisations soutiennent l'initiative, à commencer par des syndicats et des sociétés savantes (Société française de santé publique, Société française d'hépatologie [Afef], Association des jeunes psychiatres et jeunes addictologues, Association nationale des hépato-gastroentérologues des hôpitaux généraux…), des organisations comme France Assos Santé, la Ligue contre le cancer, SOS Addictions, Addict’Aide et l'Association Addictions France, mais aussi des mutuelles (MGEN, Caisse autonome nationale de la sécurité sociale dans les mines, Harmonie Mutuelle…), des acteurs publics comme l'AP-HP ou l'université de Paris ou des laboratoires comme le groupe VYV.
En revanche, l'État reste toujours le grand absent de cet événement. Lors de la première édition, Santé publique France devait apporter son soutien à la campagne et en a été empêché par un arbitrage du président Emmanuel Macron.
Paradoxalement, plusieurs observateurs et organisateurs estiment que cette volte-face, et les réactions qu'il avait provoquées, avait participé à la médiatisation et au succès de l'événement. L'année dernière, le Dry January avait rassemblé 16 000 participants, un record que les organisateurs espèrent bien battre cette année.
Un impact difficile à évaluer
Une évaluation de l'édition 2020 du Dry January par des chercheurs de Santé publique France avait conclu que les participants signalaient un meilleur sommeil, une sensation d'énergie ou encore une perte de poids. L’étude, qui a consisté à interroger 47 participants et 24 non-participants au défi, est riche d’enseignements. Les chercheurs ont constaté une grande diversité de motivations (se questionner sur sa consommation, par curiosité, par jeu, pour accompagner un proche ayant une consommation jugée excessive, etc.) et de modalités.
Les participants interrogés racontent tous une certaine prise de conscience de la place prépondérante de l’alcool dans la société et d'une certaine pression sociale à consommer. Le fait de ne pas se sentir concerné et la crainte de ne pas réussir sont, en revanche, des freins à la participation. Le manque de couverture médiatique a pu aussi rendre plus difficile l’expérience.
Les promoteurs de l'événement ont toujours soutenu que le véritable but est davantage de provoquer une prise de conscience et une réflexion sur la place de l'alcool dans notre société plutôt que de viser une véritable réduction de la consommation.
Des psychologues de l'université anglaise du Sussex ont également réalisé une enquête auprès des participants de l'édition britannique. Il en ressortait que les participants au défi de janvier buvaient en moyenne un verre d'alcool en moins par semaine en août de la même année. Neuf participants sur dix ont eu l'impression d'avoir économisé de l'argent pendant le défi, sept sur dix d'avoir amélioré leur sommeil, et trois sur dix d'avoir perdu du poids. Par ailleurs, 67 % estimaient avoir plus d'énergie, et plus de la moitié des participants revendiquaient une meilleure concentration.
Par ailleurs, 80 % des participants estiment avoir un meilleur contrôle sur leur consommation d'alcool, et 71 % comprennent mieux les tenants et les aboutissants de leur consommation.
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