Exposition au cannabis et survenue d’accident vasculaire cérébral (AVC) ou d’infarctus du myocarde (IDM), cannabinoïdes de synthèse achetés sur internet sous forme de sachets et noms attractifs (Spice, K2…) aux effets redoutables notamment au niveau du système nerveux central (convulsions, agitation, paranoïa…), inhibiteur de la FAAH (Fatty Acid Amide Hydrolase [BIA-10274]) et accident mortel lors de l’essai de Phase 1 à Rennes, retrait du marché en 2009 de l’antagoniste CB1 Rimonabant pour effets psychiatriques graves (anxiété, dépression, idées suicidaires…) : autant d’actualités illustrant les rebondissements de ces produits.
Mais de quoi parle-t-on au juste ?
Les cannabinoïdes sont des substances agissant sur les récepteurs cannabinoïdes, soit d’origine végétale (les phytocannabinoïdes, le cannabis et son principal composé le delta 9 hydrocannabinol, mais d’autres comme le cannabidiol), soit d’origine endogène (les endocannabinoïdes) ou encore d’origine synthétique.
Terrain de recherche dans de nombreuses pathologies compte tenu de son potentiel rôle physiologique, le système endocannabinoïde a également été exploré comme une cible potentielle dans 3 pathologies neurologiques : la douleur, la sclérose en plaque (SEP) et l’épilepsie.
Son implication dans le contrôle de la douleur au niveau périphérique, spinal et supra spinal a conduit à de très nombreux essais cliniques. Néanmoins, une méta-analyse récente n’a pas montré de supériorité des cannabinoïdes par rapport au placebo (1).
AMM dans la SEP
Dans la spasticité modérée à sévère de la SEP de l’adulte, l’association delta 9THC + cannabidiol donnée pendant 12 semaines a entraîné une amélioration cliniquement pertinente de la spasticité chez 10 % des patients insuffisamment soulagés par leur traitement habituel, conduisant à son autorisation de mise sur le marché (AMM) avec un suivi national de pharmacovigilance et d’addictovigilance.
Dans l’épilepsie, de nombreux travaux concluants ont été menés sur différents modèles animaux d’épilepsie, sans parvenir à les transposer chez l’homme dans les essais cliniques (2,3). Un essai clinique en ouvert avec le cannabidiol en add on observe des patients atteints d’épilepsie réfractaire (Syndrome de Dravet, Lennox Gastaut…) a montré des résultats encourageants sur la fréquence mensuelle des convulsions motrices demandant confirmation par des études méthodologiquement plus solides (double aveugle, randomisation, comparaison) d’autant que le cannabidiol serait un inhibiteur des cytochromes susceptibles d’entraîner des interactions pharmacocinétiques avec les antiépileptiques associés (4).
Le système endocannabinoïde est complexe, de découverte récente expliquant les nombreux travaux fondamentaux, contrastant avec un très faible nombre de travaux de qualité méthodologique apportant la preuve de l’intérêt thérapeutique de ses substances cannabinoïdes et d’effets indésirables « acceptables » chez l’homme.
Aix-Marseille université, UMR 7289, Institut de neurosciences PIICI & Service de pharmacologie clinique & pharmacovigilance, CHU de Marseille
(1) Whiting PF et al. JAMA 2015;313(24):2456-73
(2) Friedman D et al. N Engl J Med 2016;374(1):94-5
(3) Koppel BS et al. Neurology 2014;82(17):1556-63
(4) Devinsky O et al. Lancet Neurol 2016;15(3):270-8
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?