« L'augmentation de l'usage de la cocaïne appelle à une grande vigilance. » Le directeur de l'OFDT le Dr Guillaume Airagnes est formel : de tous les chiffres issus de l’enquête sur les représentations, opinions et perceptions sur les psychotropes (EROPP)*, c'est bien la proportion plus grande de Français ayant consommé de la cocaïne au cours des 12 derniers mois qui est le plus préoccupant : 2,7 % contre 1,7% en 2018, date de la précédente édition de EROPP. En 2023, près d'un adulte sur dix (9,4 %) a consommé au moins une fois de la cocaïne au cours de sa vie, contre 5,6% en 2017.
Parmi les différents facteurs qui peuvent expliquer cette différence, le Dr Guillaume Airagnes cite « la plus grande disponibilité du produit, mais aussi une perception de la dangerosité de la cocaïne qui diminue, et une diversification des motivations à consommer, festives, mais aussi, pour tenter de faire face à des conditions de travail difficiles. »
La cocaïne est désormais la deuxième drogue illicite la plus consommée en France, derrière le cannabis qui est depuis trois décennies la plus répandue. Autre percée spectaculaire : la MDMA (ecstasy) a vu son expérimentation fortement augmenter depuis 2018 (passant de 5 % à 8,2 %) et son usage actuel doubler (de 1 à 1,8 %). Depuis 2000, il a même été multiplié par 10.
Le cannabis : une hausse portée par les plus âgés
Concernant le cannabis, son usage progresse parmi les groupes les plus âgés (multiplication par 6, de 0,2 à 1,2 %) tandis qu’il diminue parmi les plus jeunes, mais globalement, les niveaux de consommation restent à un niveau très élevés depuis 2014 (10,8 % de consommateurs actuels en 2023). Toujours en 2023, plus d'un Français sur deux (50,4 %) a expérimenté le cannabis contre seulement 12,7% en 1992, date des premières enquêtes de prévalence.
Dans l'ensemble, l’usage actuel de drogues illicites autres que le cannabis n’a cessé d’augmenter : cocaïne en poudre, crack (cocaïne base ou fumée), MDMA, champignons hallucinogènes, LSD, amphétamines, héroïne… Comme lors des éditions précédentes, les hommes sont 2,5 fois plus nombreux que les femmes parmi les consommateurs de drogues.
Pour la première fois, l'enquête EROPP questionne la prévalence des consommations de protoxyde d'azote, très prisé chez les adolescents depuis quelques années. Son usage touche 6,7 % des adultes, majoritairement âgés de moins de 35 ans (11,7 % parmi les 18-24 ans, 12,5 % parmi les 25-34 ans contre 7,1 % parmi les 35-44 ans). L’usage de poppers a fortement augmenté, avec un niveau d’expérimentation passant de 8,7 % en 2017 à 14,9 % en 2023, et un usage actuel passant de 1,5 % à 3,8 %.
*Réalisée au cours de l'année 2023 sur le territoire hexagonal, sur un échantillon représentatif de 14 984 personnes âgées de 18 à 75 ans.
L’alcool continue ses ravages dans le monde
Malgré quelques progrès ces dernières années, l’alcool reste le produit qui occasionne le plus de décès liés aux addictions dans le monde. Selon un nouveau rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 2,6 millions de décès seraient chaque année liés à la consommation d’alcool, soit 4,7 % de l’ensemble des décès. Les produits psychoactifs ne seraient responsables « que » 600 000 morts chaque année, dont 400 000 hommes
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