Le projet de loi sur la fin de vie est attendu pour septembre. Les discussions ont mis en évidence les divergences entre les attentes des citoyens et celles des médecins. Quel est votre état d'esprit face à ce contexte ?
Je suis très serein sur cette question de la fin de vie. Le président de la République a pris un engagement et a défini une méthode basée sur la consultation citoyenne - il faut saluer la façon remarquable dont elle s'est déroulée -, la prise en compte des avis du Comité consultatif national d'éthique (CCNE) et du Conseil économique, social et environnemental (Cese), et la phase de discussions parlementaires qui vient de commencer. C'est à ma ministre déléguée Agnès Firmin Le Bodo que j'ai confié ce dossier, l'on connaît son engagement.
À l'issue de cette étape, le temps sera venu de dire quelles sont les avancées nécessaires ou non, il ne faut pas aller plus vite que la musique. Un point sur lequel tout le monde est d'accord : il faut renforcer les soins palliatifs. La seule question, c'est comment.
Ma place est de garantir la quiétude des débats et d'assurer que la parole des soignants soit vraiment entendue. Et c'est le cas.
Pourtant, la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (Sfap) fait régulièrement part de ses inquiétudes, estimant que « donner la mort n'est pas un soin ».
La Sfap est dans son rôle lorsqu'elle rappelle sa position, comme le sont ceux qui sont favorables à l'euthanasie et au suicide assisté. C'est un vrai débat démocratique. Tous les avis doivent pouvoir s'exprimer et le débat parlementaire qui s’ouvrira prochainement permettra de définir le modèle français de la fin de vie que le président de la République a appelé de ses vœux.
À la rentrée, la vaccination anti-HPV sera proposée gratuitement au collège, à tous les élèves de 5e. Quelles en seront les modalités ?
Cette campagne de vaccination est une grande victoire, une mesure totémique qui marque l'entrée de notre société dans la prévention. Il y a eu d'autres mesures comme l'accès gratuit à la contraception d'urgence et le dépistage gratuit des infections sexuellement transmissibles (IST) pour les moins de 26 ans, mais ça, c'est majeur !
Nous allons potentiellement vacciner 800 000 enfants. Les modalités sont en cours de finalisation, et le partenariat agences régionales de santé/rectorats permettra partout de trouver les modalités adaptées. Nous allons impliquer les services de santé scolaire, mais aussi le milieu associatif. Il faudra prévoir des adaptations locales. En milieu rural par exemple, les médecins et infirmiers libéraux pourront intervenir au collège.
Un courrier va être adressé aux parents pour leur expliquer ce qu'il en est. Le fait que la vaccination protège contre le cancer est bien intégré, ce qui les perturbe, c'est l'idée qu'on les vaccine à cet âge-là parce qu'ils vont bientôt avoir des relations sexuelles. Il faut faire attention à la façon dont on présente les choses. Bien sûr, les enfants pourront toujours se faire vacciner aussi par leur médecin traitant ou leur pharmacien en dehors du collège.
Cette vaccination va faire disparaître le cancer du col, c’est un progrès inestimable pour toutes les personnes qui ne seront plus malades. Nous avons là aussi une mesure qui va nous permettre de montrer l'impact de la prévention sur la soutenabilité de notre modèle social.
Les médecins, les pharmaciens, les infirmiers, tout le monde a conscience parmi les professionnels de santé qu'il faut aller vers cette prévention. En ce sens, un rapport sur le sport-santé me sera rendu prochainement.
Un plan Tabac 2023-2027 doit être présenté en septembre, quels sont ses principaux axes ?
Ses grandes lignes seront : 1. éviter l'entrée dans le tabagisme ; 2. faire en sorte que cela soit de plus en plus dissuasif pour ceux qui y sont entrés ; 3. tout faire pour aider les personnes à arrêter.
Dans la lignée des précédentes hausses, en particulier l'indexation des prix sur l'inflation, le prix du paquet pourrait continuer à augmenter. Et au-delà des cigarettes, nous souhaitons taxer tous les produits du tabac de la même façon à compter de 2025, comme cela a été acté dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2023. Nous le réaffirmerons dans le plan Tabac.
Alors qu'on constate une stagnation de l'arrêt du tabagisme, il faut éviter que les gens, en particulier les jeunes, tombent dedans. C'est ma volonté d'interdire les puffs qui sont un moyen de se familiariser avec le geste du fumeur, en plus d'être un désastre écologique.
Obésité : vers un nouveau plan ?
La Pr Martine Laville a rendu en avril une mission sur l’obésité, avec 40 recommandations. Elle préconise pour y répondre un plan interministériel sur au moins cinq ans. Pour le ministère de la Santé, l’objectif de mieux soigner et de mieux prévenir l’obésité s’inscrit pleinement dans la refondation globale de notre système de santé entamée ces derniers mois. Une feuille de route « coordonnée et ambitieuse », élaborée à partir « des initiatives qui émanent des territoires », est attendue dans les prochains mois. En parallèle, la future Stratégie nationale pour l'alimentation, la nutrition et le climat devrait être présentée dans le courant de l’automne 2023.
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