DÉBUT 2010, plusieurs dizaines de cas de maladie du charbon ont été observées en Écosse chez des toxicomanes à l’héroïne. Entre décembre 2009 et avril 2010, l’équipe du Dr Malcolm Both a ainsi observé 31 cas, dont 11 mortels. La survenue de charbon dans différents pays a conduit les autorités de santé françaises à lancer un appel à la vigilance en janvier 2010.
La maladie du charbon ne s’est pas présentée sous sa forme classique mais par une symptomatologie très variable. Les injections intraveineuses sont les principales responsables, sans que les autres modes d’administration ne sont pas totalement hors de cause. Chez trois patients, la maladie s’est déclarée par des hémorragies intra-crâniennes ou sous-arachnoïdiennes, les hémocultures étant positives au bacille du charbon. Tous les trois sont décédés rapidement avec dissémination du bacille et prédominance de symptômes gastro-intestinaux.
Hormis ces formes fulgurantes, il s’agissait pour la plupart d’infections des tissus mous, atypiques mais graves avec un œdème important, ayant parfois entraîné un syndrome des loges. Plutôt que des fasciites nécrosantes ou qu’une localisation classique du charbon, il s’agit de cellulite ou d’abcès. Chez d’autres encore, la clinique peut être plus frustre avec une simple ecchymose au site d’injection.
Dans les cas graves de cellulites, les besoins liquidiens peuvent dépasser 10 litres par 24 heures. Un débridement chirurgical permet d’extraire le foyer d’infection et de réaliser les examens bactériologiques nécessaires au diagnostic. Un examen corps entier est recommandé toutes les 12 heures à la recherche de foyers secondaires pouvant apparaître dans les 48 heures suivant le débridement initial. L’évolution est souvent biphasique : une décompensation est susceptible de survenir 24 à 72 heures après stabilisation apparente par réanimation et chirurgie. L’aggravation rapide peut évoluer vers un choc septique avec insuffisance rénale aiguë.
Lancet, volume 375, 17 avril 2010
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