Après le programme national de réduction du tabagisme (PNRT) en 2014, la mise en vente du paquet neutre depuis le 20 mai dernier, le triplement (de 50 à 150 euros) du remboursement des traitements nicotiniques de substitution pour les jeunes, les femmes enceintes, les patients atteints de cancer, les bénéficiaires de la CMU-Complémentaire, et juste avant l'entrée en vigueur de la hausse de la fiscalité sur le tabac à rouler et de la nouvelle ROSP intégrant un item sur les patients tabagiques, le ministère de la santé fourbit sa nouvelle arme dans la lutte contre le tabagisme : le Moi(s) sans tabac.
« C'est le plus grand défi de santé publique jamais organisé dans notre pays, non une simple campagne de communication, mais un pari collectif », a explicité Marisol Touraine. L'objectif est d'inciter tous les fumeurs (notamment les 6 sur 10 qui veulent arrêter) à quitter le tabac pendant un mois, en novembre, au motif (et slogan) qu'« un mois sans tabac, c'est 5 fois plus de chance d'arrêter de fumer ».
Le ministère de la Santé espère connaître un succès semblable à celui qu'a rencontré son modèle britannique, « Stoptober ». Dès sa première édition en octobre 2012, a été observée une augmentation de 50 % des tentatives d'arrêt du tabac ; Stoptober serait à l'origine de 350 000 tentatives d'arrêt du tabac, et aurait permis d'épargner 10 400 années de vie. Depuis 2012, un million de fumeurs ont participé au défi, dont 250 000 en 2014, note le Pr Kevin Fenton du Public Health England, dans un papier publié dans le numéro spécial du « Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) ».
En France, la campagne, financée à hauteur de 10 millions d'euros, et à laquelle s'associent Santé publique France et la Caisse nationale d'assurance-maladie, se déroulera en deux temps. À partir du 10 octobre, des spots TV et radio, des affiches, et même un camion sillonnant 8 villes de province sensibiliseront les fumeurs au défi ; ces derniers pourront télécharger la nouvelle application Tabac info service qui intègre une formule de coaching personnalisée et propose un kit de soutien, également disponible en pharmacie. Novembre sera le temps de la mobilisation tous azimuts, y compris en région, grâce aux ARS, aux CPAM, ou auprès de 20 000 officines qui habilleront leurs vitrines aux couleurs de l'événement.
La France toujours enfumée
« À la veille de Moi(s) sans tabac, je ne peux qu'espérer voir, dès 2017, se casser la courbe de prévalence du tabagisme et la voir évoluer vers la baisse », écrit le Pr François Bourdillon, directeur général de Santé publique France, dans l'éditorial du « BEH », après avoir tiré un double (et sombre) constat : en 2015, la prévalence du tabagisme n'a pas baissé en France (34,6 % des 15-75 ans sont concernés, et 28,8 % des Français fument quotidiennement), et le fardeau des décès est toujours aussi lourd (73 000 morts sont attribuables au tabac en 2013, tandis qu'entre 2000 et 2013, la mortalité chez les femmes a doublé, passant de 8 000 à plus de 17 000 décès).
Les « embellies » sont minces, qui résident dans la tendance à la baisse du tabagisme quotidien des lycéens (de 31 % en 2011 à 23 % en 2015) et du tabagisme à domicile (32,8 % en 2005 à 28,2 % en 2014).
À noter, des données sur l'efficacité des aides au sevrage tabagique. À six mois, la ligne téléphonique Tabac info service (39.89) donne un taux d'abstinence à 32,4 % parmi les fumeurs en tentative d'arrêt, et à 19,3 % chez les autres. Les consultations de tabacologie aboutissent à un taux d'abstinence maintenu un mois de 45,2 %, voire 47 % avec une prescription de substituts nicotiniques. Enfin, la prévalence du vapotage quotidien se stabilise autour de 3 %, avec une augmentation sensible de la part d'ex-fumeurs parmi les vapoteurs (de 15 % à 26 % entre 2014 et 2015).
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