« Réduire sa consommation de tabac ne suffit pas. L’objectif est un arrêt total et définitif de l’exposition à la substance, le plus précocement possible. » Tel est le message que veut faire passer la Fédération française de cardiologie pour cette Journée mondiale sans tabac.
« La plupart des gens savent que le tabac provoque des cancers et des affections pulmonaires, mais on ignore bien souvent le rôle qu’il joue dans l’infarctus du myocarde et les accidents vasculaires cérébraux », rappelle le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui s’est associée à la Fédération mondiale du cœur pour cette journée.
Les méfaits du tabac sur le cœur et les artères sont immédiats. « Même les "petits" fumeurs augmentent significativement leur risque d’accident cardio-vasculaire : + 48 % chez les hommes et + 57 % chez les femmes dès la première cigarette quotidienne par rapport à un non-fumeur », souligne la FFC. Et ajoute la fédération, « il n’y a pas de seuil de consommation de tabac au-dessous duquel fumer soit sans risque cardio-vasculaire ». Les fumeurs intermittents ou occasionnels sont donc aussi concernés.
Première cause de mortalité évitable
Le tabac reste la première cause de mortalité évitable, responsable de 200 morts chaque jour en France (17,9 millions de décès annuels dans le monde soit 44 % de tous les décès par maladies non transmissibles). Et le phénomène n'épargne pas les jeunes : 80 % des victimes d’infarctus âgées de moins de 45 ans sont des fumeurs. Chez les femmes, la consommation de tabac couplée à la prise d’une contraception oestro-progestative (pilule) est un facteur de risque majeur d’accident cardio-vasculaire ; la consommation de tabac pendant la grossesse a des conséquences graves pour le fœtus. « Malgré les campagnes de prévention, 17 % des femmes enceintes fument en France, c’est le taux le plus important d’Europe », alerte la FFC.
Tous les modes d'exposition sont concernés : tabac fumé (cigare, cigarillos, narguilé/chicha, pipe) ou tabagisme passif « qui augmente en moyenne le risque d’infarctus du myocarde de 25 % » et qui « doit aussi être considéré comme un véritable facteur de risque et prévenu par des mesures collectives et individuelles », rappelle le Pr Daniel Thomas, président d’honneur de la FFC et vice-président de l’Alliance contre le tabac.
Tabac chauffé, sans fumée pas sans risque
La FFC met en garde contre le tabac chauffé lancé en 2017 par les cigarettiers et très prisé chez les jeunes. Ce tabac chauffé sans combustion (Heat-not-burn), qui ne dégage pas de fumée, ne serait pas sans danger. « Les données scientifiques objectives actuellement disponibles montrent que ces produits libèrent certaines substances toxiques similaires à celles des tabacs traditionnels fumés, souligne le Pr Thomas. L’hypothèse est forte que les risques sanitaires soient proches de ceux observés avec les cigarettes fumées. » Pour la FFC, ces tabacs chauffés « s’opposent à la fin du tabac, et du fait de leur promotion agressive apparaissent constituer un problème et non une solution ».
La prévention du risque cardio-vasculaire nécessite l'arrêt total du tabac, « une drogue dure très addictive », note le Pr Thomas. Toutefois, insiste la FFC, il n’est jamais trop tard pour arrêter de fumer même si les résultats sont d'autant meilleurs que l'arrêt est précoce. « Les effets de l’arrêt sont immédiats et optimaux chez les jeunes de moins de 30 ans, même après un accident cardio-vasculaire : en 15 jours seulement, le risque de thrombose disparaît et ils récupèrent l’intégralité de leur capital cardio-vasculaire. Chez les personnes plus âgées, l’arrêt du tabac représente toujours un bénéfice majeur », observe la fédération.
La FFC conseille à ceux qui souhaitent arrêter de consulter leur médecin traitant, un pharmacien ou un autre médecin, pour établir ensemble une stratégie d’arrêt. « En cas de difficulté, le fumeur pourra être orienté vers un tabacologue », indique la FFC qui rappelle que les substituts nicotiniques, les médicaments d’aide au sevrage et les thérapies comportementales ont fait la preuve de leur efficacité. Deux traitements de substitution nicotinique sont désormais remboursables en France.
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