La consommation de cocaïne progresse nettement en France, alertent conjointement l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) et Santé publique France (SPF). L'OFDT publie un rapport sur l’évolution de l’offre et de la consommation entre 2000 et 2022 et Santé publique France (SPF) diffuse ses dernières données sur les passages aux urgences en lien avec un usage de cocaïne.
Portée par une croissance mondiale de la production et une augmentation des importations en Europe, la consommation de cocaïne, quelle que soit sa forme (poudre, galette, crack) connaît une « augmentation forte et continue sur la période 2010-2022, et ce quelle que soit la région », souligne un communiqué de SPF.
Après le cannabis, la cocaïne est désormais le produit illicite le plus consommé, avec à l’échelle mondiale « près de 21,5 millions d’usagers dans l’année en 2020, contre 14 millions à la fin des années 1990 », rappelle l’OFDT. L’Union européenne (UE) concentrait 3,5 millions d’usagers en 2020. En France, « un des pays les plus consommateurs au sein de l’UE », est-il souligné, le nombre d’usagers est estimé par l’OFDT à 600 000 dans l’année, contre 5 millions pour le cannabis.
Une diversification des profils des consommateurs
Cette hausse de la consommation s’accompagne d’une « démocratisation » de l’usage, portée par une « diversification des profils des consommateurs », analyse SPF. Selon l’OFDT, l’expérimentation régresse depuis 2014 dans l’ensemble de la population et notamment chez les mineurs, chez lesquels, après un triplement entre 2000 et 2014 (de 0,9 % à 3,2 % chez les ados de 17 ans), la consommation a chuté : en 2022, seuls 1,4 % des 17 ans ont déjà consommé le produit, « soit une baisse de moitié en 5 ans », relève l’OFDT.
Mais l’usage devient plus courant au-delà de 25 ans, même si la consommation reste marginale en population générale (0,3 % des adultes déclarent au moins une consommation dans l’année en 2020, contre 1,6 % en 2017). L’usage tend à se diffuser au-delà des milieux de consommation initiaux. « Plutôt circonscrit à l’espace festif et aux catégories sociales les plus aisées il y a 20 ans, il s’est étendu à d’autres milieux sociaux. Cette pluralité des profils d’usagers se traduit aussi par la diversification des modes de consommation, sous forme sniffée (cocaïne-poudre), fumée/inhalée (cocaïne basée ou crack) ou injectée », souligne l’OFDT.
Cette consommation croissante se traduit par une hausse « constante depuis 2010 » des sollicitations reçues par le dispositif Drogues info service (de 2 133 en 2010 à 6 447 en 2022), mais aussi dans les données de passages aux urgences (Oscour). Selon SPF, ces passages en lien avec l’usage de cocaïne connaissent une « augmentation forte et continue sur la période 2010-2022 » dans toutes les régions, avec « une hausse particulièrement forte entre 2021 et 2022 », est-il souligné.
Des nouveaux produits de synthèse (NPS) « plus puissants et toxiques »
Entre 2010 et 2022, 23 335 passages aux urgences pour cocaïne ont été identifiés, avec pour diagnostic une intoxication (65 %), une dépendance (13 %) ou un sevrage (7,5 %). Ces passages concernaient principalement des hommes (75 %) et l’âge médian était de 32 ans, « ce qui correspond aux profils habituellement les plus consommateurs au sein de la population générale », lit-on. En 12 ans, le taux de passages a été multiplié par trois, passant de 8,6 à 21,2/100 000 passages.
Les passages identifiés présentaient majoritairement des diagnostics associés liés à une intoxication par l’alcool (33 %), aux benzodiazépines (9,6 %), au cannabis (9,5 %) ou aux opioïdes (4,8 %), « traduisant un profil de polyconsommation », indique encore SPF. Les autres diagnostics associés étaient liés aux manifestations cardiaques (douleur thoracique, palpitations, tachycardie) et psychiatriques (agitation, dépression, anxiété, schizophrénie), « complications les plus fréquentes de la consommation de cocaïne ».
Pour expliquer cette tendance à la hausse des intoxications, SPF avance plusieurs hypothèses : les polyconsommations qui augmentent les risques notamment de toxicité cardiaque, mais aussi « la circulation depuis une dizaine d’années d’une cocaïne dont la teneur en principe actif augmente » ou encore « l’émergence des nouveaux produits de synthèse (NPS) plus puissants et toxiques que la molécule dont ils imitent les effets ».
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