Le coup d’envoi de l’Euro 2012 va être donné ce soir. Si les spectateurs vont se passionner pour le match, Philippe Matthias Tscholl et le Dr Jiri Dvorak se sont, eux, intéressés aux coulisses médicales des avant-matchs. Médecin chef à la Fédération internationale de football association (FIFA), le Dr Jiri Dvorak lance même un appel au monde du football sur la surconsommation d’analgésiques dans les compétitions internationales. « Je pense que nous pouvons utiliser le mot abus », a-t-il confié à BBC News. « Malheureusement, il y a une tendance à l’augmentation de la consommation de médicaments. C’est quelque chose que nous devons vraiment prendre au sérieux. »
Les résultats de l’enquête menée par la FIFA lors de la Coupe du monde 2010 où ils ont demandé aux médecins des équipes une liste des médicaments pris par les joueurs, a de quoi inquiéter. Publiés en février dernier dans le « British Journal of Sports Medicine », ils montrent que la prise d’antidouleurs et de médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens par les sportifs, déjà constatée auparavant, est en hausse. Ainsi, 71,7 % des joueurs, lors de la compétition, ont pris des médicaments et 60,3 % ont eu recours à des antidouleurs au moins une fois. Autre chiffre marquant, « plus d’un tiers des joueurs, 39 %, ont pris un médicament antidouleurs avant chaque rencontre ».
Les deux auteurs de l’étude notent toutefois des différences selon les continents, les équipes d’Amérique du Nord et du Sud présentant les niveaux les plus élevés de consommation – presque le double de médicaments que les sportifs des autres continents.
Parmi les médicaments utilisés l’usage des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) semble le plus problématique (54 % des joueurs en ont pris au moins une fois pendant le tournoi) devant celui des agonistes bêta adrénergiques, eux aussi en hausse.
Un danger pour la santé des joueurs.
Des études antérieures avaient déjà révélé cette surconsommation mais à un niveau moindre que celui de la Coupe du monde 2010, ce qui avait conduit la FIFA à mettre en place des campagnes et guides de prévention pour alerter les médecins. Visiblement, la FIFA n’a pas été entendue. Selon le Dr Dvorak, une des raisons de cet abus de médicaments est la pression exercée sur les médecins pour renvoyer rapidement les joueurs blessés sur le terrain. Les joueurs sont également soumis à la même pression. Or de telles pratiques mettent en danger la santé et la carrière des joueurs. « C’est un signal alarmant », assure le Dr Hans Greyer de l’Agence mondiale contre le dopage qui confirme les données de la FIFA. Il l’est d’autant plus que le sport de haut niveau sert de modèle notamment pour les plus jeunes. La consommation d’antidouleurs se retrouve chez les moins de 17 ans. « Pour moi c’est encore plus alarmant », reprend le Dr Dvorak. « Nous devons changer d’attitude. C’est un phénomène culturel car les médicaments sont accessibles trop facilement. »
L’UEFA (Union European Football Associations) a choisi de bannir la cigarette de l’Euro 2012. Pour la Commission européenne, ce choix fait écho aux actions qu’elle mène pour faire reculer et vaincre le tabagisme en Europe, et « adresse un message fort aux hommes et aux femmes de toute l’Europe sur la valeur d’une vie sans tabac. »
Un Euro 2012 sans tabac, « c’est un signe de respect pour la santé de nos spectateurs et de tous les intervenants au tournoi », souligne Michel Platini, le président de l’UEFA. « En interdisant totalement l’utilisation, la vente ou la promotion du tabac dans tous les stades qui accueilleront l’Euro 2012, l’UEFA marque clairement son engagement plus global à promouvoir des styles de vie sains par le football. » John Dalli, le commissaire européen à la santé et à la politique des consommateurs a salué cette décision, et a souligné les répercussions plus larges qu’elle pouvait entraîner. « Un Euro 2012 non fumeur peut amener des millions de gens à tourner le dos à la cigarette et à faire gagner leur santé ! Cela peut être le point de départ d’une nouvelle vie. » Selon lui, cette décision s’inscrit dans la lignée de la campagne « Les ex-fumeurs, rien des les arrête », qui met en exergue les avantages d’une vie sans tabac, une meilleure santé, des interactions sociales plus riches, des économies et une meilleure qualité de la vie.
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