La France comptait 16 millions de fumeurs quotidiens et occasionnels en 2014 avec une prévalence en hausse : 34,1 % contre 33,7 en 2010. Un chiffre qui la place aussi largement à la traîne dans l'OCDE. Là où un Français sur trois fume, c'est le cas d'un Anglais sur cinq. À cela s'ajoute une autre particularité inquiétante : la France est le pays d'Europe où les femmes enceintes fument le plus.
Chiffres à l'appui, le coup de semonce de la Cour des comptes est sans équivoque. Dans son rapport annuel, elle évalue les politiques publiques de lutte contre le tabagisme : « Par rapport aux constats faits il y a trois ans, les évolutions récentes de la prévalence et des ventes sont particulièrement préoccupantes si elles devaient se confirmer dans la durée. Les coûts sociaux du tabac apparaissent de leur côté encore plus considérables qu’estimés jusqu’alors ». Le coût social global du tabagisme atteint désormais 120 milliards d'euros, un montant 2 fois et demi supérieur à celui estimé en 2006. S'agissant des stricts coûts sanitaires, le rapport oscille entre le chiffre de 25,9 milliards d'euros, rapporté par l'Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT), et celui de 12 milliards annoncé par la CNAMTS, cette dernière ne tenant compte dans son calcul que des diagnostics principaux attribués à la consommation de tabac.
Des mesures dissuasives
Le rapport convient, cependant, que la plus grande part des 32 recommandations émises par la Cour des comptes en 2012 ont été portées par loi de modernisation de la Santé et le Programme national de réduction du tabagisme (PNRT) lancé en septembre 2014. Celles-ci concernaient trois axes prioritaires : protéger les jeunes et éviter l'entrée dans le tabagisme, aider les fumeurs à arrêter de fumer et agir sur l'économie du tabac. Le PNRT joue dans ce contexte sur plusieurs leviers pour infléchir les comportements. À commencer par un durcissement de la réglementation. Les mesures d'interdiction de fumer sont désormais étendues aux espaces publics mais aussi privés (véhicules) consacrés aux enfants. La reprise d'une récente directive européenne dans la loi de Santé interdira, en outre, à compter du 20 mai 2016, la mise sur le marché de produits de tabac comportant « un arôme caractérisant » ou un goût sucré.
Un soutien financier accru à l'arrêt du tabac
En 2012, la Cour notait que « les fumeurs étaient insuffisamment pris en charge quand ils essayaient d'arrêter de fumer ». Le PNRT a répondu de façon explicite à cette préoccupation. Avec la mise en œuvre de la nouvelle loi de financement de la sécurité sociale, du 22 décembre 2014, cette prise en charge a été multipliée par trois. Le rapport considère, du reste, la mise en place du paquet neutre comme « une innovation marquante », évoquant les résultats probants obtenus en Australie avec une initiative de ce type (chute du taux de prévalence à 12,8 %, le plus bas jamais atteint). Il précise, toutefois, que l'ensemble de ces mesures sont encore trop récentes pour pouvoir encore en observer les effets sur la consommation de tabac « d'autant plus qu'elles n'ont pas été accompagnées de fortes hausses de prix, à l'incidence plus rapide ». Ce dernier point s'inscrit d'ailleurs comme l'une de ses principales recommandations, alors qu'aucune hausse des prix des cigarettes n’est intervenue au 1er janvier 2015. Pour se mettre en mesure d’atteindre les objectifs de santé publique fixés pour 2019 et 2024, le rapport souligne « la nécessité d'un effort accru de prévention, une mobilisation beaucoup plus forte de l’ensemble des professionnels de santé et une politique active des prix recourant de manière appropriée à l’instrument fiscal, afin d’avoir un effet réellement dissuasif ».
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?