À quelques jours des fêtes de fin d’année et à deux semaines du lancement du Dry January, la Ligue contre le cancer dévoile lundi 18 décembre un sondage OpinionWay sur la banalisation de l’alcool. L’association se dit « effarée » par les résultats de cette enquête « Les Français, les enfants et l’alcool ».
Sans alcool, la fête est plus folle ? Ce n’est pas l’avis de quatre Français sur 10 qui considèrent l’alcool comme essentiel pour les fêtes de fin d’année. Et même pour les adolescents. En effet, 70 % des adultes interrogés ne voient aucun problème à les laisser boire au cours des repas festifs, 30 % élargissant même l’autorisation aux moins de 15 ans.
Un parent sur deux estime que ce n’est pas grave si un mineur goûte de l’alcool pendant les fêtes, ce serait même le bon moment pour leur faire goûter pour la première fois, selon près d’un tiers de la population. Servir un verre exceptionnellement aux adolescents est sans conséquence pour 41 % des Français, une bière ou un verre de champagne est « acceptable entre 15 et 16 ans pour 35 % des Français ». Les résultats de cette enquête illustrent une permissivité intrafamiliale vis-à-vis de l’alcool, particulièrement présente en France.
L'inaction du gouvernement, dénoncée par les associations
Cette banalisation se retrouve jusque sur les bancs du gouvernement. Ce 15 décembre, sur le plateau de l’émission #OnVousRépond de Franceinfo, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a déclaré que, selon lui, le vin ne serait « pas une drogue ». Après avoir réitéré cette affirmation, il a toutefois ajouté que « sa consommation peut devenir addictive » et a invité à ce qu’elle reste « raisonnable ». La veille, sur le plateau de BFMTV, à la question de savoir s'il apportait son soutien au Dry January, il ne s’est pas montré convaincu par une campagne où le gouvernement dirait aux Français « comment vivre pendant un mois ».
À l'approche de la cinquième édition française de ce défi consistant à ne pas boire d'alcool pendant un mois, 48 scientifiques et médecins avaient pourtant appelé une nouvelle fois le gouvernement à soutenir cette « opération positive qui consiste pour chacun (…) à s’interroger sur la place que prend l’alcool dans sa vie et à relever le défi de ne pas en consommer pendant cette période, sur une base volontaire qui n’est ni normative ni moralisatrice », dans un courrier du 21 novembre dévoilé en début de semaine dernière par le quotidien Le Parisien.
Le deuxième facteur de risque évitable de cancers
L’organisation France Assos Santé a réagi aux déclarations du ministre de la Santé, dans un communiqué le 18 décembre : « Surprenante pudeur quand on songe qu’en novembre, les fumeurs étaient invités à ne plus fumer à la faveur du Mois sans tabac ». L’organisation, qui regroupe près de 100 associations, a évoqué le retrait de dernière minute du soutien de l’État en 2019, pour la première édition du Dry January, puis l’annulation récemment de deux campagnes d’information sur les risques de la consommation d’alcool, estimant que « persister dans l’inaction relève de l’irresponsabilité ».
Pourtant l’alcool reste un enjeu de santé publique majeur. En 2015, le nombre de décès attribuables à l’alcool était estimé à 41 000, dont 30 000 chez les hommes. L’alcool est le deuxième facteur de risque évitable de cancers, à l’origine chaque année de 28 000 nouveaux cas. France Assos Santé rappelle également qu'il « est présent dans un féminicide sur deux » et qu’il « représente un coût social de 118 milliards d’euros ».
La Ligue contre le cancer, qui milite pour la mise en œuvre d’un Plan national de lutte contre l’alcool, à l’instar du Plan national de lutte contre le tabagisme, déplore une « large méconnaissance des dangers de l’alcool et tout particulièrement du risque de développer une addiction qui peut résulter de la consommation précoce d’alcool ». Lors d'un sondage, en 2021, 86 % des Français déclaraient avoir consommé de l’alcool avant l’âge de 17 ans.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?