LE VOLUME 100 des « Monographies » du CIRC* compile les informations disponibles sur plus de 100 cancérogènes pour l’homme. Dans la catégorie « Habitudes personnelles et expositions ménagères », une mise à jour de plusieurs expositions a été réalisée en octobre, lors d’une réunion de 30 experts de 10 pays.
Le tabac est un cancérogène bien connu et reconnu. C’est la principale cause de cancer dans le monde, rappelle le CIRC. Et de nouvelles études apportent suffisamment d’éléments pour ajouter les cancers colo-rectaux et de l’ovaire (type mucineux) à ses méfaits. Au vu de nombreuses études épidémiologiques, en particulier des grandes études de cohorte publiées ces cinq dernières années, le groupe de travail conclut aussi que le tabagisme peut être cause de cancer du sein. Autre responsabilité : les enfants nés de parents qui fumaient (père et/ou mère, avant la conception et/ou pendant la grossesse) ont un risque significativement plus élevé d’hépatoblastome, un cancer rare qu’on pense être d’origine ftale ; le risque de leucémie infantile est également accru (association avec le tabagisme paternel préconception).
Quant au tabagisme passif, il provoque, on le savait, le cancer du poumon, mais peut être aussi responsable de cancers du larynx et du pharynx. Tandis que le tabac non fumé, qui compte de nombreux adeptes en Inde et en Asie du sud, ainsi qu’en Suède et aux États-Unis, il a à son passif non seulement les cancers de la cavité buccale et du pancréas mais aussi le cancer de l’sophage.
Des arguments supplémentaires pour les militants de la lutte antitabac et ceux qui regrettent que le plan Cancer, présenté en début de semaine par Nicolas Sarkozy, entérine la limitation de la hausse du prix des cigarettes à 6 %. C’est aussi, entre autres, au nom de la prévention des cancers, que se battent les spécialistes de l’alcoolisme – l’ANPAA (l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie) regrette que le plan ne mentionne quasiment pas le rôle de l’alcool dans la survenue des cancers.
Le CIRC indique qu’il a déjà été démontré que la consommation d’alcool provoque les cancers de la cavité buccale, du pharynx, du larynx, de l’sophage, du colon et du rectum, du foie et du sein chez la femme. Il y a joute une association avec le cancer du pancréas. Et précise que le risque relatif de cancer du sein augmente avec la consommation d’alcool d’environ 10 % par 10 g/jour (le risque d’une femme qui boit de 1,5 à 2 verres par jour serait 1,2 fois plus élevé que celui d’une femme qui ne boit pas, tous les autres facteurs étant égaux).
Un risque accru a par ailleurs été identifié pour les personnes d’origine est-asiatique (porteuses de l’enzyme ALDH2*2 inactive et donc extrêmement lents à métaboliser l’acétylaldéhyde).
Le tabac (1 milliard de consommateurs dans le monde) et l’alcool (2 milliards) sont des expositions évitables au niveau individuel, souligne le CIRC, en ajoutant que « le marketing et les facteurs sociaux poussent fortement beaucoup de jeunes à prendre ces habitudes addictives ». Des évidences qu’il n’est sans doute jamais inutile de marteler.
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