LES PATIENTS ont de plus en plus recours à des traitements dits complémentaires, souvent à l’extérieur de l’hôpital et en dehors des voies de médecine classiques. Face à ce constat, l’AP-HP (assistance publique-hôpitaux de Paris) a souhaité engager au cours de son plan stratégique 2010-2014, une réflexion sur le développement des « médecines complémentaires », en particulier de la médecine chinoise afin de réaliser un état des lieux de l’offre existante, à la fois en matière de soins et d’enseignement et de développer une activité de recherche.
Une offre de « traitements complémentaires » existe en effet, déjà à l’AP-HP. Il s’agit le plus souvent de consultations ambulatoires (acupuncture, hypnose, ostéopathie), les domaines les plus concernés étant la douleur et plus généralement la prise en charge de pathologies chroniques. Des pratiques soignantes fondées sur les médecines complémentaires (réflexologie, sophrologie) sont par ailleurs utilisées pour des patients hospitalisés, dans les services de gériatrie notamment.
Dans le cas de douleurs chroniques.
Parmi toutes les propositions, la médecine chinoise tient une place particulière avec une pharmacopée très importante: l’acupuncture, le massage thérapeutique et la pratique psycho-corporelle, telle que le Tai-Chi et le Qi-gong. Cette médecine est proposée en complément de la médecine occidentale. Elle est surtout utilisée dans le cas de douleurs chroniques pour lutter contre les effets secondaires des médicaments tels que les anticancéreux ou lorsque des impasses thérapeutiques se présentent. « Elle reste un traitement d’appoint » précise le Pr Alain Baumelou (néphrologue à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, chargé d’un Centre intégré de médecine chinoise). « La médecine chinoise existe dans les hôpitaux français, mais elle n’est pas reconnue. Elle doit être labellisée et coordonnée. Il faut également former les étudiants à ces autres approches médicales ». Des partenariats ont été conclus avec trois hôpitaux universitaires de médecine chinoise dans différents domaines : gynécologie-obstétrique avec l’hôpital de Canton, néphrologie avec l’hôpital de Nankin et obésité-métabolisme avec l’hôpital de Shangaï.
Des résultats encourageants
La 2e Journée d’études sur la médecine chinoise en milieu hospitalo-universitaire avait pour objectif d’identifier les apports de la médecine chinoise dans la prise en charge des patients avec des professionnels hospitaliers qui en ont l’expérience. « 250 personnes ont participé à cette journée ce qui montre l’appétence pour ce genre de sujet » explique le Pr Alain Baumelou.
Plusieurs expériences prometteuses ont été présentées. Parmi elles, une étude menée sur l’efficacité de l’acupuncture chez le personnel de l’AP-HP pour lutter contre les douleurs osteo-articulaires, première cause de maladie professionnelle dans cette structure. L’essai a été un succès, tant du point de vue du recrutement que de ses résultats. Une étude sur l’évaluation de l’efficacité de la médecine chinoise sur les douleurs lombo-pelviennes lors de la grossesse est en cours (400 patientes y participent). « Nous n’en sommes encore qu’aux balbutiements, il nous faut élaborer une feuille de route permettant l’évaluation de ces soins. Des rencontres ont déjà eu lieu entre des centres d’investigation clinique chinois et des centres français, mais on observe un certain décalage dans la méthodologie des essais… Enfin en ce qui concerne les plantes, les contraintes réglementaires et d’importation pour essais cliniques rendent difficiles leur évaluation » souligne le Pr Baumelou. Les projets de recherche clinique doivent être établis de manière rigoureuse afin de conférer à la médecine chinoise toute sa légitimité.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?