L'Agence nationale du médicament et des produits de santé (ANSM) vient de publier le rapport complet du Comité scientifique spécialisé temporaire (CSST), à la veille des auditions de la commission mixte ad hoc le cadre de l’instruction de la demande d'autorisation de mise sur le marché (AMM) du baclofène dans l’alcoolo-dépendance.
La commission créée « en raison des enjeux importants, en termes de santé publique, liés à l’évaluation de cette demande d’AMM » va entendre les sociétés savantes et les associations les 3 et 4 juillet. À l’issue de ces auditions, un avis sera voté puis rédigé pour être rendu public « dans le courant de l'été », nous signale l'ANSM. Le directeur de l'agence, le Dr Dominique Martin, rendra ensuite sa décision concernant la demande d'AMM, en fonction des avis des différentes commissions qui se sont succédé.
L'avis de la commission tiendra aussi compte du rapport du CSST dont les conclusions rendues publiques fin avril avaient été très critiquées par les associations et les médecins favorables au baclofène.
Le CSST formule de nombreuses critiques méthodologiques à l'endroit des études françaises ALPADIR et BACLOVILLE qui n'étaient pas parvenues à dégager un effet statistiquement significatif du baclofène sur la consommation d'alcool ou le maintien de l'abstinence. Des deux études, c'est BACLOVILLE, menée sur 600 patients suivis en médecine de ville par le Pr Jaury en association avec l'AP-HP et Éthypharm, qui concentre plusieurs des reproches.
Absence d'estimation de l'efficacité
« La décision d'inclure le même nombre de patients (que dans l'étude ALPADIR ndlr) pour un critère d'évaluation principal complètement différent (maintien de l'abstinence pour ALPADIR, réduction de la consommation moyenne d'alcool pour BACLOVILLE) n'était pas justifiée. Aucun calcul de puissance n'a été effectué lors de la modification du protocole [...] l'étude BACLOVILLE n'a pas permis dans ces conditions de fournir une estimation de l'efficacité du baclofène sur ce critère », note le CSST.
Les auteurs de BACLOVILLE ont changé de critère principal d'évaluation « défini a posteriori par Éthypharm (le laboratoire ayant déposé le dossier d'AMM », selon le rapport. Or « aucun calcul de puissance n'a été réalisé malgré le changement d'objectif et de critère principal [...] alors que le nombre de sujets avait été fixé en fonction du critère principal de l'étude BACLOVILLE dans sa conception initiale », peut-on lire dans le rapport.
L'étude ALPADIR est également critiquée : le CSST précise qu'à la suite d'une « erreur d'appréciation dans les hypothèses de départ », la puissance statistique de l'étude est « bien trop faible pour assurer la robustesse du résultat sur le critère principal de l'étude ».
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