QUELLE est la part réelle de la consommation d’alcool dans l’incidence des cancers ? Madlen Schütze et col., de l’Institut allemand de nutrition humaine (Potsdam-Rehbrueck), tentent de répondre à cette question pour laquelle n’existaient jusque-là que des données fragmentaires, même si le rôle de l’alcool dans la survenue de certains cancers (cancers de la bouche, du pharynx, du larynx, de l’œsophage et du foie mais aussi cancer colo-rectal et cancer du sein), est bien établi.
L’équipe de chercheurs a analysé les données de 363 988 des 520 000 hommes et femmes âgés de 35 à 70 ans de la cohorte EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition) recrutés dans 23 centres dans 10 pays d’Europe occidentale et suivis de 1992 à 2000. Seuls les sujets qui n’avaient pas de cancer à l’inclusion ont été retenus et, parmi eux, ceux pour lesquels la consommation d’alcool même ancienne avait été évaluée, ce qui excluait les participants de deux pays (Norvège et Suède) et ceux de deux centres, à Naples et à Bilthoven (Pays-Bas).
Un ou deux verres.
Dans les 8 pays sélectionnés (France, Italie, Espagne, Royaume-Uni, Pays-Bas, Allemagne, Grèce et Danemark), près d’un cancer sur 10 (9,6 %) chez l’homme et 3 cancers sur 100 chez la femme peuvent être attribués à la consommation d’alcool, ancienne ou actuelle. Dans les deux sexes, les cancers les plus fréquemment observés sont ceux des voies aérodigestives supérieures (44 % chez l’homme, 25 % chez la femme), devant le cancer du foie (33 % et 18 %) et le cancer colo-rectal (17 % et 4 %). Le pourcentage de cancers du sein qui peuvent être attribués à l’alcool s’élève à 5 %.
Autre enseignement : entre 40 et 98 % des cancers liés à l’alcool surviennent pour une consommation supérieure aux normes recommandées par la plupart des institutions sanitaires. En Europe, cette consommation suit un gradient nord-sud : le Danemark et l’Allemagne sont les 2 pays qui ont le plus souvent déclaré une forte consommation actuelle et la Grèce ou l’Espagne ceux où existe la plus forte proportion de participants ayant déclaré n’avoir jamais consommé ou avoir arrêté.
« Beaucoup de ces cancers pourraient être évités si la consommation était limitée à deux verres d’alcool par jour chez l’homme et à 1 verre chez la femme », estime Madlen Schütze. Et d’ajouter : « Bien plus encore de cas pourraient être prévenus si les gens réduisaient leur consommation en deçà de ces normes ou ne buvaient pas d’alcool du tout. »
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