La tendance à la hausse des décès liés à un surdosage de méthadone est confirmée par le suivi national d'addictovigilance de la méthadone. L'enquête menée en 2020 par le CEIP-Addictovigilance Grenoble pour le compte de l'Agence du médicament (ANSM) met en évidence une augmentation des hospitalisations et des décès liés à un surdosage en méthadone (3,4 décès pour 1 000 usagers contre 2,8/1 000 usagers en 2019).
L'incidence des décès pour la méthadone est 7 fois plus élevée qu’avec la buprénorphine. Sans grande surprise, 65 % des cas pour lesquels l'information est connue présentent des antécédents d’abus ou de dépendance, 38 % ont des pathologies associées et 39 % sont dépendants à l'alcool. Dans 72 % des cas, le patient souffrait toujours d'abus intermittent ou permanent et 37 % des sujets étaient en cours de traitement de substitution.
Selon l'ANSM, les cas de surdosages sont notamment liés à une augmentation de l'usage détourné de la méthadone, à une méconnaissance de sa puissance pharmacologique, à une méconnaissance de ses nombreuses interactions et à un recours insuffisant à la naloxone, l'antidote pour le traitement d'urgence des surdosages.
Rappel des règles de bon usage
L'ANSM rappelle les règles de bon usage et l'importance des kits de naloxone prêts à l'emploi afin de bloquer temporairement les effets d'une overdose à un opioïde tel que la méthadone.
Le chlorhydrate de méthadone AP-HP et la méthadone AP-HP sont de plus en plus prescrits comme traitement de substitution des pharmacodépendances majeures aux opioïdes, ce qui « témoigne d'une amélioration de la prise en charge des usagers de drogues, note l'ANSM. Cependant, les risques connus et potentiellement mortels de surdosage et d'usage détourné associés à la méthadone ont conduit à mettre en place des conditions de prescription et de délivrance particulières pour les médicaments qui en contiennent. »
Le risque de surdosage est particulièrement important lors de la période d'initiation du traitement Cette période peut donc nécessiter une dispensation quotidienne. La dispensation du sirop en récipient unidose est limitée à 14 jours et le patient doit être étroitement surveillé afin de détecter tout signe de dépression respiratoire et de sédation. Une surveillance clinique, électrolytique et ECG sont également nécessaires pour les patients présentant un risque d'allongement de l'intervalle QT. En cas d'arrêt puis de reprise du traitement, les mêmes précautions doivent être prises que lors de la mise en place initiale.
Des interactions à surveiller
Pour prévenir les surdosages, l'ANSM rappelle de dire aux patients qu'il ne faut jamais donner de méthadone à une autre personne ni en prendre en dehors de toute prescription. Les interactions avec l'alcool, d'autres opioïdes, les anxiolytiques, les sédatifs, la prégabaline, l'héroïne ou la cocaïne sont également à connaître.
Les signes de surdosage peuvent se manifester jusqu'à quatre heures après la prise et se caractérisent par une dépression respiratoire pouvant conduire à un arrêt respiratoire et à la mort. Un surdosage peut aussi s'accompagner de troubles de la conscience, nausées et vomissements, transpiration, hypoglycémie, rétrécissement de la pupille, somnolence sévère, voire de coma.
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