UN COMPORTEMENT d’alcoolisation massive paroxystique (binge drinking) est associé à un doublement du risque de présenter une cardiopathie ischémique assortie d’événements graves.
Le rôle d’une consommation régulière excessive d’alcool sur la morbidité et la mortalité cardiovasculaires, est bien documenté. Ce qui l’est moins est celui d’un mode d’alcoolisation de type massive paroxystique du week end (les « cuites express » ou « binge drinking » en anglais). Selon les données de l’OMS, en Europe en 2006, 28 % des personnes âgées de plus de 15 ans rapportaient consommer 50 g d’alcool en une fois (5 boissons ou davantage), au minimum une fois par semaine, ce qui correspond au critère de la cuite express.
Des chercheurs français et irlandais ont analysé de manière prospective les effets des modes de consommation d’alcool sur l’incidence des maladies coronariennes ischémiques, dans ces deux pays aux habitudes contrastées. Les données de l’étude PRIME (Prospective Epidemiological Study of Myocardial Infarction) ont été analysées et l’incidence des événements coronariens a été enregistrée pendant dix ans.
Entre 1991 et 1994, 2 405 hommes de 50 à 59 ans, initialement indemnes de maladies coronariennes ischémiques, ont été inclus à Belfast et 7 373 dans les trois centres français (Lille, Strasbourg et Toulouse). La majorité (90,6 %) des hommes en France et environ les deux tiers (60,5 %) à Belfast attestent boire de l’alcool au moins une fois par semaine. Parmi les buveurs, 12 % des Irlandais et 75 % des Français consomment de l’alcool tous les jours, mais les modes de consommation sont bien différents, car les cuites expresses sont pratiquées par 9,4 % des Irlandais et 0,5 % des Français (pour des consommations moyennes d’alcool respectivement de 22,1 g/j à Belfast et de 32,8 g/j en France).
La cuite expresse double le risque coronarien.
Il y eut 683 événements cardiaques ischémiques ; l’incidence annuelle des événements graves de ce type est de 5,63 à Belfast et 2,78 en France. Après les ajustements classiques pour les facteurs de risque cardiovasculaires, le comportement de cuite express apparaît doubler le risque de maladie coronarienne ischémique. Alors que la prise régulière et modérée d’alcool tout au long de la semaine, typique des habitudes françaises, est associée à un risque bas de maladies coronariennes.
L’association ne porte pas sur des formes particulières d’atteinte coronaire (angor stable, instable, etc.), ce qui suggère que le mécanisme physiopathologique des effets de l’alcool sur l’ischémie coronarienne est probablement plus lié à des phénomènes thrombotiques qu’à une athérosclérose. Quand on considère la cohorte dans son intégralité (des gros buveurs occasionnels jusqu’aux non-buveurs), plus le nombre de jours de consommation augmente (la quantité totale est donc fractionnée), plus le nombre d’événements coronariens incidents diminue, confirmant les associations inverses rapportées antérieurement (chez les hommes comme chez les femmes). La proportion plus importante des hommes qui, à Belfast, pratiquent la cuite expresse peut expliquer tout au moins partiellement le risque plus élevé de cardiopathies ischémiques.
Jean-Bernard Ruidavets et coll. BMJ en ligne le 24 novembre 2010 ; doi:10.1136/bmj.c6077.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?