Une étude parue dans le « New england journal of medicine » en janvier 2015 a fait grand bruit. Les auteurs concluent en effet que la combustion des e-liquides produit du formaldéhyde, substance hautement toxique, quand la puissance de la e-cigarette est réglée sur le plus haut voltage (5 V) (1). À cette puissance, le consommateur qui utiliserait 3 ml/jour de e-liquide produirait environ 15 mg de formaldéhyde alors que la quantité produite par la consommation d’un paquet de 20 cigarettes est de 3 mg.
Oui... mais ! Il faut savoir les e-cigarettes ne possèdent pas toutes cette technologie et que généralement les vapoteurs ne surchauffent pas le liquide, car cela a pour effet d’aspirer des vapeurs acres fort désagréables. Quoi qu’il en soit, l’utilisation de la e-cigarette n’est pas anodine. Vapoter, c’est introduire un élément toxique dans les poumons. Des études viennent témoigner de l’effet irritant et de la présence d’agents carcinogènes dans la combustion des e-liquides.
Porte de sortie ou d’entrée ?
À l’heure actuelle, il n’existe que deux essais contrôlés randomisés ayant étudié l’efficacité de la cigarette électronique dans le sevrage tabagique. L’étude ASCEND (2) a comparé l’efficacité de la cigarette électronique par rapport aux dispositifs transdermiques dans le sevrage tabagique. Elle a été menée sur un échantillon de 657 fumeurs suivis pendant 13 semaines : 295 ont reçu des patchs dosés à 21 mg de nicotine, 289 ont utilisé des cigarettes électroniques avec des cartouches préremplies d’un liquide à 16 mg/ml de nicotine et 73 ont utilisé des cigarettes électroniques sans nicotine. Les résultats ont montré que l’e-cigarette est aussi efficace que les timbres pour arrêter de fumer. L’étude ECLAT (3) a quant à elle, démontré que les cigarettes électroniques, avec ou sans nicotine, pouvaient avoir un intérêt dans la réduction de la consommation de tabac ainsi que dans la prévention des rechutes pendant le sevrage, sans effets secondaires significatifs. La baisse du nombre de cigarettes journalières concernait 22,3 % des sujets à 12 semaines et 10,3 % à un an. Ainsi, si ces résultats sont encourageants, ils restent toutefois inférieurs à ceux obtenus en utilisant les traitements médicamenteux et le soutien psychologique, qui restent la référence dans le sevrage tabagique, en raison notamment des incertitudes liées aux risques à long terme de la cigarette électronique, ont souligné les experts lors du congrès ERS 2015.
Sentiment d’impuissance des médecins
Un travail de thèse réalisé par le Dr Jonathan Favre, généraliste à Lille, auprès de 14 omnipraticiens du Nord-Pas-de-Calais a permis de mieux connaitre le sentiment des médecins à l’égard de la e-cigarette. En consultation, leur opinion sur la e-cigarette est souvent sollicitée par les patients, en particulier s’agissant de l’efficacité et de la toxicité du produit. Mais l’enquête met en évidence un manque de connaissances des généralistes sur ces sujets, beaucoup soulignant les difficultés à accéder à des informations fiables et utiles pour leur pratique. D’où une certaine réserve de ces professionnels quant aux effets à long terme de la e-cigarette.
(2) Bullen et al. Lancet 2013
(3) Caponetto et al. PLOS One 2013
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