EN MATIÈRE de sécurité routière, tous les indicateurs sont dans le rouge depuis le début de l’année. Le nombre d’accidents corporels, de tués et de blessés hospitalisés ou non est en hausse sur les quatre premiers mois. La mortalité routière s’est même fortement aggravée en avril (+19,9 %), conséquence d’une « série d’accidents particulièrement graves » et d’un « relâchement préoccupant des comportements », souligne la Sécurité routière. Dans ce contexte, Matignon a profité de l’occasion pour convoquer le Comité interministériel de la sécurité routière (CIRS). Au total, pas moins de 18 mesures ont été annoncées.
Pour lutter contre les excès de vitesse, les excès de plus de 50 km/h seront qualifiés juridiquement de délit « dès la première infraction ». Tous les panneaux indiquant la présence de radars fixes seront supprimés. Les cartes d’implantation des radars ne seront plus rendues publiques, ce qui compliquera fortement les mises à jour des systèmes GPS dans ce domaine. De même, les avertisseurs de radars seront désormais totalement interdits. D’ici à la fin 2012, 1 000 nouveaux radars seront déployés, parmi lesquels, des radars mobiles nouvelle génération « permettant de contrôler la vitesse des usagers à partir de véhicule en circulation ».
Alcool et téléphone au volant.
En matière d’alcool au volant, le gouvernement a renoncé à abaisser le seuil légal, maintenu à 0,5 g/l, alors qu’un abaissement à 0,2 g/l avait été évoqué. En revanche, l’alcoolémie supérieure à 0,8 g/l sera sanctionnée par le retrait de 8 points contre 6 actuellement. L’éthylotest antidémarrage sera obligatoire dans l’ensemble des transports en commun. Les infirmiers pourront également réaliser les prises de sang vérifiant l’alcoolémie et la présence de stupéfiants à la suite d’un contrôle routier.
Les téléphones portables sont également dans la ligne de mire du CIRS. Téléphoner en conduisant avec le mobile à la main sera sanctionné plus sévèrement avec une contravention de 4e classe (au lieu de la 2e classe) doublée d’un retrait de trois points sur le permis de conduire (au lieu de deux). Conduire avec un appareil à écran en fonctionnement dans le champ de vision du conducteur, autre qu’un GPS sera désormais sanctionné de trois points, d’une amende de 1 500 euros et de la saisie de l’appareil.
Par ailleurs, circuler sur une bande d’arrêt d’urgence et voie neutralisée sera puni plus sévèrement, de l’ordre de 135 euros d’amende assortis d’un retrait de deux points. Pour les deux-roues motorisés, les plaques d’immatriculation devront être de plus grande taille « afin de rendre plus opérant les contrôles » et les conducteurs de motos et de tricycles auront à porter systématiquement un équipement rétro-réfléchissant.
Système de punition.
Du côté des associations, ces mesures laissent perplexes quant à leur effet sur le long terme. « Le point satisfaisant, c’est qu’enfin la sécurité routière semble redevenir une priorité. Le problème c’est qu’on est encore une fois reparti sur un axe essentiellement répressif », constate le Dr Philippe Lauwick, président de l’Automobile club médical de France (ACMF). Pour le Dr Charles Mercier-Guyon Secrétaire médical à l’association Prévention routière, l’attitude du gouvernement est difficile à comprendre. « Il y a quelques mois, les politiques ont libéralisé de manière irresponsable le permis à point qui améliorait depuis 5 ans les chiffres de sécurité routière. Pour préparer les élections présidentielles, ils ont tenté d’assouplir le système. Confronté à une hausse des morts sur les routes, ils reviennent dans un système de punition. C’est un manque total de structuration de la pensée », déclare-t-il. « L’association Prévention routière défend les sanctions qui sont indispensables, mais au lieu de construire un système cohérent de graduation des sanctions avec une intégration d’éléments éducatifs, à chaque accident grave, les politiques durcissent le système sans réflexion. Il faut construire une stratégie. Or aujourd’hui, on n’a pas de stratégie, on ne fait que des effets d’annonce ».
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