LE NEFOPAM est un analgésique central non morphinique dont les propriétés anti-hyperalgiques ont été mises en évidence dans un modèle préclinique animal de douleur postopératoire (Girard et coll., 2001). Ces résultats ont été confirmés en 2009 par les travaux effectués sur des modèles animaux (Laboureyras et al 2009).
Le rôle du néfopam en pratique clinique a été récemment évalué dans une étude menée chez des patients ayant bénéficié d’une chirurgie cardiaque avec sternotomie (Richebé P. et coll. 2009)
Cette étude rétrospective, en double insu avec accord du CCP, a été menée de novembre 2006 à novembre 2007 chez des patients programmés pour un pontage aorto-coronarien ou un remplacement valvulaire.
Ces patients qui ont bénéficié d’une procédure d’anesthésie comparable ont été randomisés en trois groupes (30 patients par groupe).
Dans le groupe 1 (G1) ils recevaient le nefopam en bolus de 0,3 mg/kg avant l’opioïde et l’incision puis en perfusion continue de 0,065 mg/kg/heure pendant quarante-huit heures.
Dans le groupe 2 (G2) ils recevaient le nefopam en fin d’intervention en bolus puis pendant quarante-huit heures aux mêmes doses que G1.
Dans le troisième groupe (G3) ils recevaient un placebo depuis l’induction jusqu’ quarante-huit heures.
L’analgésie postopératoire était assurée par une pompe à morphine contrôlée par le patient et par un recours à des analgésiques dits « secours ».
Filament de von Frey.
Les critères de l’étude - hyperalgésie et allodynie postopératoires par filament de von Frey, scores de douleur au repos et à l’effort, consommation de morphine- ont été évalués jusqu’à J7.
L’analyse des données montre que la distance d’hyperalgie dynamique au point sternal central était réduite de façon significative dans le groupe 1 (3,8 ± 2,3 cm) par rapport au groupe 3 ( 5,5 ± 2,6 cm) (p < 0,02) et que l’hyperalgie statique était également réduite significativement entre G1 et G3 en haut, au milieu et en bas du sternum.
La consommation de morphine n’était pas significativement différente entre les trois groupes, les scores de douleurs non plus avec toutefois une tendance à une élévation de ce score dans le groupe placebo.
Le recours aux analgésiques de secours était majoré dans le groupe placebo (G3).
Administré en périopératoire d’une chirurgie cardiaque avec sternotomie, le nefopam, par son action présynaptique inhibitrice, réduit l’hyperalgie postopératoire.
SFAR 2009. Actualités sur l’hyperalgésie péri-opératoire. Symposium Biocodex présidé par le Pr Francis Bonnet (hôpital Tenon, Paris).
Hyperalgésie post-opératoire
L’hyperalgésie péri-opératoire, traduisant une sensibilisation du système nerveux central, est une réalité clinique, facilement mise en évidence en postopératoire immédiat grâce à l’utilsation de filaments de von Frey qui permettent de détecter en territoire sain non inflammatoire une surface péricicatricielle d’hyperalgésie.
Comme le précise le Pr Marcel Chauvin (hôpital Ambroise-Paré, Boulogne-Billancourt), il a été montré,notamment dans les chirurgies de lombotomie et de laparotomie, que la sensibilisation centrale postopératoire, matérialisée par cette surface d`hyperalgie secondaire péri-cicatricielle, est associée à une augmentation de l’intensité douloureuse et de la consommation de morphine en post-opératoire et à une incidence accrue de douleur chronique postchirurgicale.
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